L’autre regard de Sylvain Beaulieu

Le Poitiers Film Festival revient à partir de vendredi pour une 47e édition pleine de promesses. A découvrir en avant-première, au cœur d’un riche programmation française et internationale, le documentaire du Poitevin Sylvain Beaulieu.

Claire Brugier

Le7.info

D’une édition à l’autre, les ingrédients du Poitiers Film Festival sont invariables : « des films d’école, de jeunes créateurs, un regard contemporain sur le monde d’aujourd’hui », résume Camille Sanz, la déléguée générale de la manifestation. La 47e édition va ainsi dérouler à partir de vendredi et jusqu’au 6 décembre sa riche programmation, des longs et courts-métrages qui racontent le cinéma d’aujourd’hui et de demain, d’ici et d’ailleurs. Parmi les temps forts, les spectateurs pourront découvrir lundi en avant-première le documentaire que Sylvain Beaulieu a réalisé avec Nicolas Contant. Contre toute lumière dansent mes ombres est inspiré de son histoire. A 26 ans, il a brutalement perdu la vue, victime d’une maladie génétique, la neuropathie optique de Leber. Selon la Maison départementale pour les personnes handicapées, Sylvain coche la case 
« cécité ». Lui préfère se définir comme « quelqu’un qui ne voit pas mal mais autrement ».

« Une vision reliée aux émotions »

D’hier à aujourd’hui, le cheminement a été difficile pour l’ancien étudiant en lettres modernes attiré par le cinéma. 
« Quand la maladie m’est tombée dessus, un champ des possibles s’est refermé en moi. Le cinéma n’était plus du tout d’actualité, même si on s’est amusés avec des copains à tourner un court-métrage que j’avais écrit. Mon rapport à l’image avait changé. » Sylvain s’est tourné vers la musique. 
« Puis, au fil de l’acceptation, car le temps guérit tout, j’ai cessé de considérer ma vue en référence à ce qu’elle était avant pour faire l’expérience d’une nouvelle vision reliée aux émotions. » La photographie s’est imposée à lui. « J’avais besoin de prendre des photos, de capturer les images liées aux émotions fortes qui m’arrivaient par les yeux, et de les partager, pour confronter mon regard et celui des autres. Et puis un jour j’ai ressenti le besoin d’aller plus loin dans l’interprétation, de dépasser l’œil numérique en transformant ces photos en peintures. » Le projet de film était sous-jacent mais « c’est un projet qui a sinué, confie Sylvain. Même s’il répondait à un appel très profond, de l’ordre de la nécessité, pour autant tout le processus a été très tortueux. » Avec la complicité de Nicolas Contant, chef opérateur et co-réalisateur, il a abouti à un documentaire d’1h22, mosaïque d’images tournées par Nicolas Contant ou captées par Sylvain « comme 
un journal filmé ». Lundi, Contre toute lumière dansent mes ombres sera diffusé « en audiodescription interprétée en direct par Marie Diagne, insiste le co-réalisateur, pour que les spectateurs voyants et non-voyants soient sur un pied d’égalité ».


Contre toute lumière dansent mes ombres, de Sylvain Beaulieu et Nicolas Contant, le 2 décembre, à 20h30, au Théâtre-auditorium de Poitiers.


1 semaine, plus de 100 films

Plus de 100 films, 19 pays et 33 écoles, les chiffres de cette 47e édition du Poitiers Film Festival témoignent de la richesse de sa programmation. Deux films français ouvriront et fermeront cette semaine, Le Beau Rôle vendredi, en présence du réalisateur Victor Rodenbach (sélectionné à Poitiers en 2012) et le 6 décembre Mon Inséparable, d’Anne Sophie Bailly (sélectionnée à Poitiers en 2021), avec Laure Calamy. Entre les deux, les spectateurs pourront découvrir la sélection internationale de courts-métrages (37) et la sélection So French ! (9), mais aussi un focus sur quatre femmes cinéastes lituaniennes ou encore un cycle thématique autour de « Rêver l’espace ».

Programme complet sur poitiersfilmfestival.com.

 

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