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« Ça a commencé par une fusillade sur un restaurant. Et ça s'est achevé par une rixe entre bandes rivales. Qui a engagé plusieurs centaines de personnes. On me parle (...) de 400 à 600 personnes. » Il est 8h31 vendredi 1er novembre quand le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau livre cette version sidérante des événements qui ont agité la nuit poitevine. « 600 personnes impliquées dans une rixe ? Avec des armes ? », l'interroge la journaliste qui lui fait face. « Avec toutes sortes d'armes, bien sûr ! » Les médias nationaux s’empressent de relayer les déclarations du premier flic de France. Marion Maréchal, euphorique, s'exprime sur X (ex-Twitter) : « Qui aurait imaginé qu’un jour Poitiers serait le théâtre d’un gigantesque affrontement d’un demi-millier de narco-trafiquants sur fond de guerre ethnique ? » Pascal Praud s'insurge sur CNEWS : « 600 personnes de bandes rivales dans la nuit à Poitiers en train d'en découdre, voilà la France d'aujourd'hui. » Son voisin de plateau enchaîne : « Le cœur du problème, c'est la drogue. » « Non, il n'y a pas que ça, l'interrompt Praud. On peut aussi parler d'immigration sur ce sujet-là. »
Sur les réseaux sociaux, la haine déferle. On y apprend que la victime principale de la fusillade serait une « narco-racaille. » Certains accusent même les écologistes au pouvoir d’être les véritables responsables de ce drame. Tout ce que vous venez de lire a été dit ou écrit vendredi 1er novembre. Et tout est FAUX. Bienvenue dans l'ère de la post-vérité. Epoque dans laquelle les plus hauts dirigeants de notre pays peuvent inventer des drames, agiter la peur, pour servir leur agenda politique autoritaire. Epoque où les médias nationaux, en quête de sujets sensationnels, reprennent sans vérifier des « fake news ». Face à cette hystérie organisée, il n'y avait plus que les médias locaux (Le 7, la Nouvelle République, France Bleu Poitou, France 3) pour défendre la vérité. Eux seuls ont pris le temps de vérifier, de recouper les informations avant de les diffuser.
Quelques jours après le drame, qui a coûté la vie à Anis, un jeune homme sans histoire, il est établi que Bruno Retailleau a menti. Mais le mal est fait. Partout en France les esprits ont été marqués par les affrontements imaginaires de Poitiers. La peur a grimpé d’un cran. Le ministre de l’Intérieur a préparé les esprits à sa politique répressive. C'est en utilisant au mieux ce système médiatique en perdition qu'un « escroc », « menteur », « raciste », « sexiste », a été élu Président des Etats-Unis le 5 novembre 2024. A quoi devons-nous nous attendre en France pour 2027 ?
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