Anne-Laure Maniago, le monde à ses yeux

Anne-Laure Maniago. 28 ans. Poitevine. Community manager et graphiste. A voyagé pendant un an et demi dans onze pays du globe. Revenue changée, forcément. Envisage d’écrire un recueil de témoignages de citoyens du monde. Signe particulier : aime les gens, sincèrement.

Arnault Varanne

Le7.info

Rêves. Espoirs. Regrets. On a tous au fond de nous ces sentiments mêlés, évolutifs aussi, qu’on habite Poitiers ou La Paz, Colombo ou Djakarta. Rêves. Espoirs. Regrets. Ç’aurait pu être le nom de la trilogie du voyage d’une vie, en l’occurrence celui d’Anne-Laure Maniago. Hélas... « Dès mon deuxième pays en Asie (La Thaïlande, nldr), j’ai compris que ce serait compliqué car si dans les capitales les habitants parlent bien anglais, c’est moins le cas dans les régions plus reculées. Il aurait fallu des traducteurs... » A défaut, la jeune Poitevine de 28 ans, partie au Sri Lanka sans idée de la suite du périple, a ramené des photos, qu’elle expose -nom de code : Au fil des kilomètres- jusqu’au 8 novembre chez The Roof, à Poitiers. Et aussi, quand même, des témoignages de locaux rencontrés ci et là.

« Des mots en vietnamien, en sri-lankais, en anglais, en espagnol. Les gens, leur gentillesse, ont vraiment fait partie de mon voyage, presque plus que les paysages », abonde-t-elle. Son deuxième carnet comporte davantage « de ressentis ». Onze pays découverts en dix-huit mois, des émotions à foison, quelques galères aussi et une bonne dose d’« introspection » laissent forcément des traces indélébiles. Avant de quitter son job de chargée de communication chez Cesvi France -« presque une deuxième famille »-, à La Rochelle, Anne-Laure a suivi les conseils de son cousin. « J’ai écrit pour me rappeler dans quel état d’esprit j’étais au moment de partir. Et je me suis rendu compte que j’avais besoin de ce changement. »

S’alléger

Au matin du 1er janvier 2022, cette fille unique qui s’imaginait « orthophoniste ou chanteuse comme Lorie, Jenifer et Alizée » a appliqué une première résolution : acheter ce fameux billet d’avion synonyme de grande évasion quatre mois plus tard. Le fruit également de patientes économies consenties à dessein. Elle a transformé l’essai et essaimé du Sri Lanka à l’Indonésie, en passant par la Thaïlande, les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, les Antilles, la Colombie, le Pérou, la Bolivie et le Mexique.

« Au bout de quelque temps, je me suis demandé si je voulais vivre à travers l’écran ou vivre tout court. »

« L’idée était vraiment de découvrir d’autres cultures, de m’enrichir de nouvelles rencontres, de goûts et couleurs, de me découvrir moi-même aussi ! » Un voyage aussi long que celui-là nécessite des ajustements, des allègements. Au sens propre comme au figuré. Ainsi Anne-Laure s’est-elle délestée en cours de route d’une partie de son matériel vidéo, tout en espaçant les publications sur les réseaux sociaux.

« Au bout de quelque temps, je me suis demandé si je voulais vivre à travers l’écran ou vivre tout court. J’ai fini par m’éloigner de mon portable. Je conçois que cette envie de déconnexion vu mon métier est assez paradoxale ! » Ses posts moins réguliers et, surtout, décalés, lui ont permis de faire la surprise à ses proches pour les fêtes de 2023. Un retour temporaire avant un « stop » de deux mois, cette fois avec sa cousine -« mon alliée de voyage »-, en Indonésie pour tester le « digital nomadisme », ou comment concilier boulot et découvertes. Anne-Laure Maniago a fini par poser ses valises à Poitiers au printemps 2024, avec des yeux neufs et un rapport au temps radicalement changé. « J’ai toujours été à l’heure, mais aujourd’hui, si je suis en retard de quelques minutes à un rendez-vous, ce n’est pas grave ! »

« J’ai la bougeotte... »

Avec ses « quelques économies restantes », la working girl a créé sa propre agence de graphisme et de community management, Studio on board. CQFD. Sans autre attache que ses envies d’indépendance... et de voyage. A commencer par la Tunisie en novembre. « J’ai la bougeotte et je crois que je l’aurai toujours ! » L’ancien modèle photo, « discrète » et « timide », s’affirme et appréhende le temps qui passe « comme le moyen de voir les opportunités qui s’offrent à [elle] ». Un jour, c’est sûr, elle ouvrira sa maison d’hôte atypique « au bord de l’eau » et dédiée aux voyageurs du monde. « Une Tiny house ou une caravane avec une décoration spéciale. J’y pense depuis les Philippines. Ce sera très minimaliste. » Voilà pour le rêve. Les espoirs ? « D’abord que le conflit israélo-palestinien s’arrête un jour. On n’apprend décidément jamais des erreurs du passé... » Les regrets ? Aucun n’affleure à première vue. Elle laisse ça aux autres.

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