Lee Miller, des clichés vite oubliés

Malgré un sentiment de déjà-vu et un style académique lassant, Ellen Kuras accomplit sa mission avec Lee Miller. La réalisatrice parvient à faire découvrir la photographe de guerre éponyme dont le travail a longtemps été étouffé.

Charlotte Cresson

Le7.info

De prime abord, le premier long-métrage de fiction d’Ellen Kuras ne brille pas par son originalité. Le schéma est (trop) classique : deux personnes se tiennent face à face et se remémorent le passé. Un procédé vu et revu qui permet ici de découvrir l’histoire de Lee Miller (Kate Winslet), ancien modèle pour Vogue devenue l’une des premières femmes photographe de guerre durant la Seconde Guerre mondiale. Et si la première partie du film, un peu cliché et mièvre, peine à trouver son rythme, Kate Winslet redonne vie à Lee Miller avec justesse dans une seconde partie davantage centrée sur le combat de la photographe pour témoigner des horreurs du conflit. Ainsi, les couleurs très solaires de l’innocence de l’entre-deux-guerres laissent place à celles des combats, plus sombres. Lee Miller quitte en effet un quotidien léger et sécurisant auprès de son conjoint Roland (Alexander Skarsgård) et de ses amis Paul Eluard (Vincent Colombe) et Solange d’Ayen (Marion Cotillard) pour partir sur le front. « Armée » de son Rolleiflex, elle immortalise les bombardements de Saint-Malo, la libération de Paris, les camps de Dachau et Buchenwald, et même… la baignoire d’Hitler. Le spectateur suit son parcours comme un assistant et n’est pas épargné. Les scènes sont dures et mettent en lumière certains moments traumatisants de la vie de la photographe, dont elle ne se remettra jamais. Le récit est basé sur la biographie écrite par son fils, Antony Penrose, et veille à coller à la réalité. Une précaution appréciée par les amateurs d’histoire. A travers ce film, Ellen Kuras réussit à nous faire connaître cette femme dont les photos, véritables pièces à conviction de l’horreur absolue, sont restées oubliées de tous pendant des décennies.    

Drame, de Ellen Kuras, avec Kate Winslet, Alexander Skarsgård, Andy Samberg, Marion Cotillard (1h52). 

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