Beauf mijoté 
à la sauce poitevine

La 2e édition du BeauFFestival se déroule de jeudi à samedi à l’Espace Republic Corner, à Poitiers. Entre concours loufoques, concerts décalés d’anciennes gloires et autodérision assumée, l’événement devrait attirer les foules. Mais au fait, de quoi (qui) le mot beauf est-il le nom ?

Arnault Varanne

Le7.info

Petit, gros, moustachu, râleur, raciste, violent et odieux en toutes circonstances. Dans les années 70, le dessinateur Cabu a taillé un joli costume au beauf, ce Français moyen censé représenter la France d’en bas. Des colonnes de Charlie Hebdo aux cases du Beauf, l’intégrale, cette figure est selon Gérard Mauger 
« une des allégories qui peuplent aujourd’hui les représentations profanes de l’espace social ». Le sociologue y a consacré une publication intitulée Sociogenèse et usages de la figure du 
« beauf ». Il y explique que « ses goûts et pratiques culturelles le portent vers la chasse, la pétanque, la belote, la télévision le camping, l’alcool... » Autant de clichés de la classe populaire qui ont la vie dure.

« On l’est tous un peu »

Qu’en reste-t-il en 2024 ? Pour Théophane de Roeck, « on l’est tous un peu ». « Enfin, on est tous le beauf d’un autre ! », se marre le cerveau du BeauFFestival, dont la « v2 » se déroulera jeudi, vendredi et samedi à l’Espace Republic Corner, à Poitiers. Le co-fondateur du « groupe de beaufs à perruques » Franchment ta gueule a eu l’idée de ce grand rassemblement foutraque en pensant très fort à l’un de ses oncles. « C’était un peu le stéréotype de la beauferie dans mon regard d’enfant. » Du genre à flatuler à table et à sortir des blagues douteuses au repas de famille le dimanche, avant de s’offrir un épisode d’une série américaine les yeux mi-clos. « Moi, j’ai voulu m’en amuser. Certains disent que la coupe mulet est beauf. Mais regardez tous les jeunes qui la portent avec de grandes lunettes de ski ! » Une façon de dire que la beauferie, même décalée, finit par créer des tendances.

« En respectant 
tout le monde »

Alors le BeauFFestival s’autorise « à peu près tout dans un espace de liberté super fort » rebaptisé Beauf land. Du concours de cri d’animaux à celui de meilleur vendeur de foire, de la pire/meilleure tenue aux concours de tuning C15, de la coupe mulet et du plus gros mangeur de pâtes au beurre, il y en aura pour tous les (mauvais) goûts. « Un beauf, c’est quelqu’un qui ne se prend pas au sérieux, c’est un petit plaisir régressif ! », assure Paul Porcheron-Catala. L’orgie de 
« déconne » vestimentaire -tenue incorrecte exigée- passe aussi par la musique, évidemment. Après Chantal Goya l’an dernier, Oldelaf, Manau, Les Wampas, Cumbia Boom box, Sébastien Patoche et autre Marcel et son orchestre se produiront sur scène. Autant d’artistes qui ne rechignent pas à associer leur notoriété au qualificatif de beauf devenu tendance. « Ça nécessite d’avoir du second degré, tout le monde n’y est pas prêt », glisse le directeur artistique de 
l’Espace Republic Corner. Les 
5 000 visiteurs de la 1re édition n’en ont pas manqué. « Nous, on n’a qu’une envie, que les gens repartent avec le sourire. On peut s’habiller comme on veut, parler comme on veut mais en respectant tout le monde », conclut Théophane de Roeck. En 2023, Quotidien et Libération avaient visiblement apprécié le concept.

DR LibelLab

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