mardi 24 décembre
La rentrée solennelle du campus poitevin de Sciences Po s’est déroulée mi-septembre. Comme ailleurs, le site tourné vers l'Amérique latine va continuer à faire vivre le débat, notamment sur la guerre entre Israël et le Hamas, en évitant les blocus de l’année dernière.
Entre mars et mai 2024, Sciences Po a vécu une période de turbulences presque sans précédent, avec des mobilisations en pagaille contre la guerre à Gaza(*). Deux mois d’agitation -blocus des locaux, collage de tracts, débats enflammés en amphithéâtre...- qui ont essaimé jusque dans les satellites de la prestigieuse école parisienne en sciences sociales. « Nous avons eu moins de cinq journées de mobilisation, relativise Pascale Leclercq, directrice du campus tourné vers l’Amérique latine, la péninsule ibérique et les Caraïbes. Nous avons demandé aux étudiants que les examens puissent se tenir. » Dès la rentrée, Sciences Po a donc organisé une discussion avec tous les étudiants soucieux d’exprimer « leur sensibilité ». Et un cycle de conférences va voir le jour, avec une première date prévue le 7 novembre à Poitiers. « On est une école de sciences sociales et ce besoin d’échanges est naturel, à condition de bien maîtriser les sujets qui sont complexes », ajoute la directrice.
« Nous regardons le monde... »
Autres nouveautés majeures : la mise en œuvre d’un enseignement sur la liberté d’expression, créé et coordonné par Vincent Forray, professeur des universités au sein de l’École de droit de Sciences Po, le renforcement des dispositifs de lutte contre les discriminations, l’antisémitisme et le racisme, la sensibilisation et la formation des étudiants à la résolution amiable des différends et des conflits, et enfin la création de nouveaux espaces de dialogue entre les étudiants et l’administration. Dans son discours inaugural de rentrée, Jeanne Lazarus a martelé la nouvelle doctrine : « A Sciences Po, nous regardons le monde et le monde est parmi nous, cela nécessite d’accepter que l’on puisse avoir des points de vue différents », a insisté la doyenne du collège universitaire de l’école.
En 2024-2025, Sciences Po Poitiers accueille 285 étudiants, dont 138 en 1re année (19 issus de lycées situés dans les quartiers prioritaires). Autant de « très bons élèves mais surtout de personnes concernées et intéressées par le dérèglement climatique, les guerres... », ajoute Jeanne Lazarus. Tout un symbole, six étudiants ont ponctué la rentrée solennelle d’une chanson en espagnol, un keffieh autour du cou.
(*)En décembre 2023 et janvier 2024, des étudiants s’étaient déjà mobilisés pour appeler à la démission du directeur général Mathias Vicherat, accusé de violences conjugales. Son successeur a été élu le 20 septembre, il s’agit de Luis Vassy.
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