Aujourd'hui
Olivier Pouvreau vous embarque dans une nouvelle saison de ses tribulations dans la nature.
Lorsque je m’interroge sur les motifs de mon goût pour la photo animalière, et plus généralement pour toute représentation du vivant (en dessin et en sculpture par exemple, tel l’artisanat si inspirant d’un Robert Hainard), je présume qu’il est porté par des affects de quiétude, de paix. Ce « pathos irénique » est directement lié à l’image de nature en tant que signe. En effet, que nous dit la photo de renard, de paon du jour, de chardonneret ? Rien d’autre qu’elle-même : sa signification est littérale, plaquée sur un simple plan de dénotation. A contrario, une image publicitaire ou médiatique n’a pas ce pouvoir de « repos du sens » étant donné que sa signification première se double d’un discours connotatif, idéologique, véhiculant des valeurs, des attentes sociales ou des refus, tout un discours caché que l’esprit sent d’abord implicitement et qu’il doit ensuite examiner s’il souhaite en découvrir le mythe. Une publicité pour un SUV, par exemple, en plus de renvoyer à son statut de modèle de voiture de vente (sens littéral), évoque des valeurs typiquement petites-bourgeoises (sens connoté) : confort, sécurité, signe extérieur de richesse, privatisation des mœurs, consumérisme etc. Le SUV incarne dans un second temps le mythe de la puissance et du confort techniques. Toute image de la modernité sociale devient ainsi objet complexe, trouble, polysémique, discursif, formant là toute une mythologie de la société individualiste-bourgeoise, qui, pour ma part, a le don de me lasser. Avec la photo de nature (dans le cas où celle-ci ne serait évidemment pas mise au service d’un discours qui la connoterait, la plaquette d’un programme écologiste par exemple, il n’existe pas cette « tambouille du sens » mais la simplicité primitive, brute et pure de ce qui est. Si le cliché naturaliste est plaisir des sens, il est aussi repos du sens.
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