Gabin, chien d’alerte médicale

Atteinte d’un handicap invisible, Audrey est aidée au quotidien par Gabin. Mais le dispositif du chien d’alerte médicale reste méconnu et suscite parfois des réactions inadaptées.

Charlotte Cresson

Le7.info

Nom complet : Usher de l’Eternel Mitness. Nom d’usage : Gabin. Profession : chien d’alerte médicale. Difficile de résister en voyant le jeune golden retriever de 9 mois dans la rue ou les rayons du supermarché. Mais lorsqu’il porte son gilet jaune fluo, Gabin n’est plus un chien comme les autres. Son rôle est de protéger Audrey, 49 ans, atteinte du syndrome de Dumping. « Cette maladie provoque des crises d’hypoglycémie sévères pouvant aller jusqu’à la perte de connaissance », précise-t-elle. Pour accomplir au mieux sa mission, Gabin ne doit subir aucune distraction. « Les gens lui sautent dessus alors que la cape est visible. On peut pourtant y lire qu’il ne faut pas le toucher, le photographier, lui parler ou même le regarder. Il faut faire comme s’il n’était pas là. » Le golden retriever, en formation jusqu’à ses 22 mois, apprend à anticiper les hypoglycémies d’Audrey qu’il repère à l’odeur. « C’est le même système que pour les cancers, les drogues ou les engins explosifs. » En cas de crise, le chien peut prévenir sa maîtresse, lui apporter son médicament et la sécuriser en la plaçant en position latérale de sécurité en cas de perte de connaissance. Dans cette situation, il va ensuite chercher du secours auprès des passants en aboyant. « Il ne faut surtout pas avoir peur, il faut le suivre et appeler les secours. »


Une pesante méconnaissance

Le parcours d’Audrey pour avoir Gabin auprès d’elle a été long. « Je ne pouvais plus sortir, conduire ou travailler. Je me suis donc rapprochée de la seule association qui valide les chiens d’alerte médicale : FCAPI (France chien d’assistance personnalisé et individualisé). J’ai ensuite dû trouver l’éleveuse qui m’a dirigée, elle, vers Isabelle Dangiers, la seule éducatrice spécialisée dans le département. Il faut en moyenne cinq ans pour avoir un chien d’alerte. » Aux côtés d’Audrey, Isabelle a la lourde tâche de faire assimiler 71 ordres au jeune chien pendant sa formation. « Selon les structures, certains chiots sont formés en amont et d’autres, comme Gabin, suivent leur formation auprès des personnes qu’elles vont accompagner », 
indique l’éducatrice. Longtemps réservé aux personnes aveugles, le chien d’alerte médicale accompagne pourtant un large public dont une majorité atteinte par un handicap invisible. « C’est le handicap invisible qui pose problème. Certaines personnes pensent que je forme le chien pour quelqu’un d’aveugle et des vigiles m’ont déjà refusé l’accès à des magasins. Je dois aussi changer de dentiste car elle refuse que Gabin soit présent pendant les soins. C’est usant et fatigant », se désole Audrey. Aujourd’hui, grâce à la présence de Gabin, la Montamiséenne reprend confiance et espère pouvoir réintégrer son poste à l’hôpital.

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