HMUC ou la difficile question de l’eau

Lancée en 2019, la très controversée étude HMUC du bassin du Clain ne sera finalement pas votée avant le printemps 2025. La répartition des ressources en eau divise plus que jamais.

Charlotte Cresson

Le7.info

Ce devait être une étape essentielle dans la bataille de l’eau. Elle a finalement été ajournée. Le vote de l’étude HMUC (Hydrologie, milieux, usages, climat), initialement prévu jeudi dernier, a été reporté au printemps prochain. Les membres de la commission locale de l'eau (CLE) du schéma d'aménagement et de gestion de l'eau (SAGE) du Clain ont, en effet, cédé aux agriculteurs et accepté de recourir à une étude d’impact socio-économique en amont (lire ci-dessous). « Cette étude avait été prévue par l’Etablissement public territorial du bassin de la Vienne (EPTB) dès 2019 mais cela n’a pas été fait. On ne peut pas seulement avoir une réflexion philosophique sur l’eau. Il me semble élémentaire d’avoir un retour sur l’impact de nos votes sur le terrain économique », explique Alain Pichon, président du Département. Pour rappel, l'étude HMUC, lancée en 2019 dans la Vienne, a pour objectif de définir les différents usages de l’eau (alimentation en eau potable, irrigation, industries…) et servir de base pour établir un projet du territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), piloté par le Département. En clair, quantifier les ressources en eau disponibles afin d’en répartir les volumes pour les différents usages en respectant les bassins. Dans le département, cette étude concerne le périmètre du bassin du Clain et ses affluents (la Vonne, la Pallu, la Boivre, l’Auxance, la Clouère…), soit 2 882 km2 répartis sur 
109 communes de la Vienne et les départements voisins.

Une étude sous tension

Impacté par le réchauffement climatique, ce périmètre est, en effet régulièrement touché par la sécheresse. « Le bassin du Clain connaît un déséquilibre chronique entre les besoins en eau et la ressource, et est classé en zone de répartition des eaux depuis 1994 », indique l’EPTB. Si le report du vote sonne comme une petite victoire pour les agriculteurs opposés à l’étude HMUC, il apparaît comme du temps perdu pour les défenseurs de l’environnement. « Pour respecter la ressource, il faut baisser les prélèvements pour l’irrigation et l’industrie. Avec les données actuelles, pour l’Auxances par exemple il faudrait une baisse de 50% des prélèvements », alerte Jean-Claude Hallouin, administrateur de Vienne Nature. En faisant l’objet de manifestations et de tergiversations, ce conflit pour l’eau n’est pas sans rappeler les événements liés aux mégabassines de cet été. Prochaine étape avant le vote : l’étude d’impact socio-économique.

 

Des agriculteurs vent debout

Mercredi dernier, agriculteurs et tracteurs étaient devant la préfecture de Poitiers pour protester contre les restrictions de prélèvement d’eau. Ils ont obtenu le report du vote de l’étude HMUC.

Ils étaient environ 150 agriculteurs et près de 70 tracteurs à répondre à l’appel de la FNSEA, des Jeunes Agriculteurs et de l'Association des irrigants de la Vienne (Adiv) devant la préfecture de Poitiers mercredi dernier. En jeu, le report de l’étude HMUC (Hydrologie, milieux, usages, climat) et la mise en place d’une étude d’impact socio-économique. Les irrigants s’opposent en effet à la réduction des volumes d’eau prélevables l’été prévus par l’étude HMUC. « Ces études sont dangereuses, les personnes qui votent sont dans des bureaux et ne connaissent pas nos problématiques. On demande une étude d’impact qui déterminera les pertes pour l’agriculture », 
explique Nicolas Giraud, président des irrigants de la Vienne. Vers 17h, la mobilisation a payé. Reçus par François Bock, président de la CLE du Sage Clain, les représentants des syndicats sont sortis de l’hôtel du Département le sourire aux lèvres. Le vote de l’étude prévu le lendemain a été reporté au printemps 2025 et 
l’étude d’impact demandée a été acceptée. Les agriculteurs se sont ensuite dirigés vers le tribunal administratif, baîllons sur la bouche, pour contester l’annulation d’autorisation unique de prélèvement dans le Marais poitevin décidée en juillet.

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