Les olympiques, entre émotions et contre-coups

Derrière les médailles et les louanges, les conditions d’entraînement et de reconversion des athlètes de haut niveau sont très disparates. C’est le constat d’une enquête menée par des étudiants poitevins auprès de 88 participants français aux Jeux olympiques, retraités ou encore en activité.

Le7.info

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A moins de trois semaines du lancement des Jeux olympiques de Paris, les pronostics sur le nombre de médailles sont ouverts. Mais l’engagement de la France sur les conditions d’entraînement offertes aux athlètes français est-elle à la hauteur des ambitions du pays ? Pour le savoir, des étudiants de licence et de master en faculté de Sciences du sport à Poitiers ont interrogé 88 athlètes olympiques français retraités ou encore en activité, dont 35 médaillés. Neuf seront à Paris. 
« L’idée est de savoir si les élites sportives se sentent soutenues durant leur carrière, à la fois sur le plan matériel, psychologique et dans leur reconversion. Et ceci, même s’ils ne finissent pas champions », explique Emilie Giret, enseignante-chercheuse en sociologie du sport à Poitiers.


« Négocier un contrat sur douze mois »

Pour vivre durant leur carrière, les olympiques doivent cumuler plusieurs sources de revenus : sponsors, aides de leur fédération, des clubs, mais plus rarement de l’Etat. Dans l’échantillon étudié, 38% ont dû ou doivent travailler en parallèle des entraînements. La sprinteuse poitevine Nicole Ramalalanirina, qui a participé à quatre olympiades entre 1992 et 2004, avait un emploi à mi-temps à la Caisse d’Epargne, une banque partenaire de la fédération d’athlétisme. « J’ai mis à profit ma formation en action commerciale mais l’entreprise devait accepter que je m’absente parfois trois mois ! » C’est différent pour les sports collectifs. Les athlètes sont rémunérés par leur club et reçoivent une indemnité quotidienne pour leur présence en équipe de France, ainsi qu’une prime en cas de victoire, comme l’ex-volleyeur poitevin Oliver Kieffer (2005-2012) qui a toujours réussi à « négocier un contrat sur douze mois au lieu de dix afin de passer la trêve estivale ». Autre constat, les sportifs ont aussi moins besoin de travailler quand ils intègrent une structure d’Etat (Insep, pôles France). Mais il n’y a pas de place pour tout le monde. De son côté, une gymnaste explique avoir dû compter sur le soutien de ses parents. Et ce n’est pas la seule...


« Petite mort »

« Tu es plus ou moins bien loti selon ta discipline et tes performances », poursuit Emilie Giret. Et c’est pareil sur le plan de la reconversion. Déjà, le retour à la réalité n’est pas simple. Pas facile de redevenir un être humain ordinaire après avoir été un Dieu du stade ! « Vous 
voyagez aux quatre coins du monde et puis, d’un seul coup, plus rien, raconte un athlète. Dans le haut niveau, il n’y a rien de normal, les émotions sont décuplées. » Il parle de 
« petite mort ». Nicole Ramalalanirina et Oliver Kiffer ont plutôt bien vécu leur nouvelle vie. « J’avais 36 ans et l’impression d’avoir atteint mes objectifs », indique la première, toujours employée dans sa banque, à temps plein. Comme elle, le volleyeur poitevin avait bien préparé la suite à travers des études de kiné. Sûrement la clé du succès. Mais l’arrêt est parfois brutal. « Dans certaines fédérations, si tu te blesses, tu n'existes plus », assure Emilie Giret. 60% des olympiques interrogés disent n’avoir reçu aucun soutien institutionnel pour les aider à basculer vers autre chose. « La situation semble s’arranger peu à peu, nuance l’universitaire. Mais mieux vaut rester dans son sport. » Les plus connus deviennent consultants à la télévision… Une chose est sûre, cet été, vous ne regarderez pas les JO de Paris comme les précédents.

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