Un suivi psychologique en prison

L’univers carcéral fascine autant qu’il effraie. Pour aider les détenus à mieux vivre leur incarcération, une vingtaine de professionnels de la santé mentale les accompagnent au centre pénitentiaire de Vivonne.

Charlotte Cresson

Le7.info

Plus de 800 détenus pour 560 places théoriques : comme beaucoup d’autres établissements, le centre pénitentiaire de Vivonne déborde. Psychologues, psychiatres, infirmiers, psychomotriciens ou encore ergothérapeutes travaillent ensemble de manière à aider les détenus à mieux vivre leur séjour derrière les barreaux. Dès leur arrivée, un entretien est systématiquement proposé. « Ce temps d’évaluation a lieu dans les quinze premiers jours suivant l’entrée du détenu. Ce temps nous permet de repérer ceux qui présentent des besoins », précise Jérôme Hetté, psychologue clinicien à la prison. Les professionnels repèrent ainsi les prisonniers présentant des troubles psychiatriques, des addictions ou encore ceux pour lesquels l’arrivée en prison est trop difficile. « Les premiers jours, certains vivent ce que l’on appelle un choc carcéral très violent. Ils paniquent, anticipent les conséquences de leur entrée en prison sur leur famille ou leur quotidien et cela s’accompagne parfois d’un effondrement dépressif. » Les détenus ont aussi la possibilité de faire des demandes de rendez-vous grâce à des boîtes aux lettres gérées par le personnel soignant. Les surveillants et partenaires peuvent également faire des signalements. 


Une prise en charge complète

Après un temps d’évaluation, une demande ou un signalement, les détenus peuvent bénéficier d’un suivi individuel sous forme d’entretiens réguliers. Des ateliers thérapeutiques en petits groupes sont également proposés autour du sport, de la musique, du jardinage, des animaux ou encore de l’écriture. Une psychomotricienne et une ergothérapeute proposent une approche autour de ballons, de terre ou d’art. Pour de plus gros besoins, la prison de Vivonne héberge un Service médico-psychologique régional (SMPR). Il en existe vingt-six en France. 
« C’est une mini-unité de vingt lits pour ceux qui nécessitent une présence permanente des soignants, comme les personnes fragiles mais aussi et surtout celles présentant des pathologies psychiatriques lourdes comme des psychoses », explique le psychologue. Cette structure rare peut accueillir des détenus des prisons de l'ex-Poitou-Charentes. Désemparées à la suite de l’incarcération de leur proche, les familles sont également accompagnées. Juste en face du centre pénitentiaire, les vingt-sept bénévoles de l’association Aire tentent de maintenir les liens familiaux grâce à diverses activités. « Par exemple, chaque année nous organisons la fête des pères et des mères en détention. Les bénévoles encadrent les enfants et l’ambiance festive change du parloir. Nous organisons aussi des ateliers créatifs pour que les détenus puissent offrir leurs créations à leurs enfants », 
indique Brigitte Guillon, présidente de l’association. Cette complémentarité, essentielle entre personnel soignant et association, participe à rendre cette épreuve moins difficile.

DR Prison de Vivonne

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