Une invitation au voyage

Dans L’enfant qui mesurait le monde, Takis Candilis emmène le spectateur à la rencontre d’Alexandre et de son petit-fils Yannis, campé par le jeune Poitevin Raphaël Brottier. Une vraie réflexion sur le rapport à soi et aux autres.

Charlotte Cresson

Le7.info

Alexandre Varda (Bernard Campan) est puissant. Promoteur immobilier à la tête d’une agence réputée, sa vie bascule du jour au lendemain lorsqu’il se fait licencier par ses actionnaires et apprend le décès de sa fille Sophia, qu’il n’a pas vue depuis douze ans. A l’annonce de cette nouvelle, Alexandre doit s’envoler vers la Grèce, un pays dont il est originaire mais dont il ignore tout, jusqu’à la langue. Le voyage sera court, il y va pour rapatrier le corps, c’est tout. Du moins, c’est ce qui est prévu. Ce périple réserve en réalité de nombreuses surprises à l’homme d’affaires brillamment incarné par Bernard Campan. Le « très Français » Alexandre découvre le pays de ses parents mais surtout l’existence d’un petit-fils, Yannis, et de sa particularité : l’autisme. Le jeune acteur Raphaël Brottier, qui habite Fontaine-le-Comte, relève le challenge avec brio (Le 7 n°648). Sans artifice ni pathos et avec une justesse rare, le petit garçon parvient à incarner les émotions du personnage dont la vie sur la petite île de Kalamaki est rythmée par une routine rassurante : les bateaux qui partent et regagnent le port, les prises des pêcheurs et le va-et-vient des clients du café. Dans cette vie au millimètre près, l’arrivée de ce grand-père inconnu va bouleverser son quotidien. Des points communs vont cependant finir par les rapprocher. Filmé à la manière d’une succession de photographies, L’enfant qui mesurait le monde, adapté du roman éponyme de Metin Arditi, fait voyager le spectateur à travers des paysages grecs mais également au cœur de ses questionnements les plus intimes. Le réalisateur y aborde en effet le rapport aux autres, aux racines et au monde avec une douceur et une ingéniosité rares. Difficile d’en sortir indemne !

Drame de Takis Candilis avec Bernard Campan, Raphaël Brottier, Maria Apostolakea (1h44)

Il a dit…

Takis Candilis, réalisateur

Le réalisateur de L’enfant qui mesurait le monde était dans la Vienne le 14 juin dernier pour une avant-première aux côtés de Raphaël Brottier. La rédaction l’a rencontré au CGR de Fontaine-le-Comte. 

Le scénario

« Le scénario est adapté du livre de Metin Arditi. Quelqu’un me l’a envoyé et, étant moi-même d’origine grecque, cela m’a rappelé mes racines. Tout m’est revenu. L’écriture a ensuite duré un an et demi. Plusieurs thématiques sont abordées comme la quête des origines que fait Alexandre, l’absence de contacts avec sa fille, ou encore une Grèce qui souffre. Tout le monde peut y prendre quelque chose. » 

Le tournage en Grèce 

« Le tournage (au printemps 2023, ndlr) a été difficile. Les conditions climatiques étaient compliquées puisqu’il a beaucoup plu et il a fait froid. Et puis l’eau de la mer était glacéeMais l’ambiance était très agréable et j’avais envie de faire voyager le spectateur. »

Le choix de Raphaël Brottier 

« La directrice de casting a vu 80 enfants et beaucoup d’entre eux avaient déjà joué pour le cinéma. Ils avaient des automatismes et s’étaient fait une idée de ce à quoi pouvait ressembler une personne autiste. Ce n’était pas le cas de Raphaël. C’était sa première expérience et il s’est inspiré de son propre frère pour incarner le personnage. Son jeu était très bon. Quand j’ai montré le film à des associations spécialisées dans l’autisme, on m’a demandé si Raphaël n’était pas autiste. »

 

DR Chloé Kritharas Devienne

 

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