Juifs et musulmans « faits pour vivre ensemble »

Depuis 2019, des Poitevins de confessions juive et musulmane se réunissent pour échanger sur des sujets qui les rassemblent et lutter contre les amalgames. Un groupe devenu essentiel en ces temps troublés et qui ne demande qu’à évoluer.

Charlotte Cresson

Le7.info

Ils ne s’étaient pas réunis depuis plusieurs mois mais les récents événements ont renforcé leurs convictions. Depuis cinq ans, juifs et musulmans se réunissent au sein du groupe fondé par Danièle Parda, professeure d’anglais à la retraite de confession juive et Lakhdar Attabi, enseignant dans le secondaire de confession musulmane 
(Le 7 n°557). Dimanche dernier, c’est chez le second que six des dix membres du groupe ont décidé de se retrouver. Rendez-vous à midi pour un temps d’échange suivi d’un déjeuner. « On a souvent mangé de bonnes choses », 
s’amuse Danièle Parda. Au menu du jour, un plat qui rassemble : couscous traditionnel marocain… à moins que ce ne soit tunisien. Les membres du groupe évoquent leurs points communs. « Nous avons appris à nous connaître en parlant de nos fêtes religieuses et nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup de similitudes dans nos religions. » 
Mais attention, ce groupe, à la parité parfaite entre juifs et musulmans, n’est en aucun cas un groupe religieux. « Nous nous retrouvons entre vrais humanistes », précise Karim en trinquant à la République. L’idée est de parler en toute intelligence de sujets de société qui les unissent dans un profond respect. Pas une parole plus haute que l’autre, chacun parle à tour de rôle. Au programme des discussions ce dimanche, les élections législatives à venir ou encore la guerre entre Israël et le Hamas. Un contexte qui ne leur fait pas peur mais les 
« inquiète ».


La lutte contre 
les amalgames

Depuis les attentats du 7 octobre dernier, la situation entre juifs et musulmans du monde entier est on ne peut plus tendue. A Poitiers, les manifestations pro-
palestiniennes se succèdent et des tags antisémites émergent. Parmi les actes commis à l’encontre de la communauté juive, Danièle Parda a notamment été marquée par la dégradation de l’école Simone-Veil de Fontaine-le-Comte et par le récent viol d’une enfant de 12 ans 
à Courbevoie, sur fond d’antisémitisme. Dans ce contexte tendu de part et d’autre, Jean, également de confession juive, avoue avoir réduit la taille de son nom de famille sur sa sonnette, à la demande de son épouse. Un autre membre du groupe souhaitant rester anonyme soulève 
« une prudence qui n’existait pas il y a trente ans ». De son côté, Lakhdar observe un changement de regard de sa famille restée en Algérie. « Les médias ne sont pas forcément fiables et certains sont maîtrisés par la propagande », 
confie-t-il. Depuis quelques années, certains rassemblements à la synagogue de Poitiers font l’objet d’une surveillance des services de police, symbole d’un « geste de la République » pour certains, « révélateur d’un besoin de protection » pour d’autres. 


« Il faut aller plus loin »

Consciente de l’impact bénéfique que peut avoir ce groupe, Danièle Parda souhaite « accélérer les choses ». « Depuis le 
7 octobre et encore plus depuis dix jours, un groupe entre juifs et musulmans est indispensable. Il faut aller plus loin, le rendre plus visible. » Pour cela, ses membres espèrent pouvoir attirer plus de monde et pourquoi pas s’exprimer devant un jeune public. « On a envie de montrer qu’une telle amitié peut marcher », complète Karim. Tous se retrouveront en septembre. 


Plus d’informations auprès de Danièle Parda à daniele.parda@orange.fr ou de Lakhdar Attabi au 06 45 81 80 87.

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