Ils sont sans emploi ou salariés, seuls ou avec des enfants, Français ou étrangers et la perte d’un emploi, un divorce, des revenus trop faibles ou une histoire de vie difficile les ont privés de logement. Dans la Vienne, ils seraient au minimum plusieurs dizaines à vivre dans la rue. Un chiffre approximatif et en dessous de la vérité. « Cela représente le nombre de personnes ayant sollicité le 115. Mais ça ne concerne pas tous ceux qui en ont besoin puisqu’ils ne font pas tous appel au Samu social et que celui-ci n’a pas une capacité d’accueil suffisante », précise Damien Delpech, animateur de réseaux de solidarité au sein de la délégation du Poitou du Secours catholique. Pour répondre à ce besoin et proposer un toit aux plus précaires, certaines entreprises n’hésitent pas à ouvrir les portes de leurs locaux. Une idée née en 2017 dans l’esprit du président de la section nantaise du Centre de jeunes dirigeants, Pierre-Yves Loaëc. Le chef d’entreprise a ainsi participé à la création de l’association Les Bureaux du cœur. Le concept ? Proposer à une personne sans domicile de dormir dans les bureaux en lui mettant à disposition « un espace de couchage qui peut être reconfiguré le jour, comme un lit ou un canapé-lit, un point d’eau avec une douche (dans l’idéal), une armoire et un coin cuisine, explique Justine Brana, chargée de développement pour l’association. A Poitiers, il y a du potentiel ! »
Cette idée a plu à Thierry Guilbault, membre du réseau d’entrepreneurs Propuls, à Poitiers (Le 7 n°637). « Nous sommes trois à porter ce projet au sein de la commission Eco des pros. Nous avons vu une émission sur les Bureaux du cœur, qui nous a fait réfléchir. » Avec plus de 200 entreprises adhérentes à Propuls, l’entrepreneur veut saisir l’opportunité d’aider. « La plupart des bureaux sont vides les soirs et week-ends alors que des personnes vivent dans la rue ou dans des logements indécents. » L’accueil proposé par les Bureaux du cœur ne concerne qu’une personne à la fois, encadrée par un professionnel pour suivre sa situation, pendant une durée maximale de trois mois. « Le coût est moindre pour l’entreprise. Ce qui peut faire peur, c’est la confiance accordée à un inconnu mais une présentation est faite au préalable », indique Thierry Guilbaut. Le Poitevin espère convaincre les autres dirigeants à la rentrée, tout en restant lucide. « Pour débuter, nous visons deux à trois entreprises. Le potentiel des petites structures comme les boîtes de conseil ou les assureurs est très important. On a bien l’intention d’aller jusqu’au bout. »
Les Bureaux du cœur n’œuvrent donc pas encore à Poitiers. En attendant, les personnes dans le besoin peuvent espérer bénéficier de l’une des 433 places d’hébergement (dont 147 en urgence) ouvertes toute l’année dans la Vienne. 95 autres places peuvent ouvrir progressivement pendant la période hivernale, portant la capacité d’accueil à 528 places. De son côté, la Croix-Rouge organise des maraudes régulières auprès des sans-abri et le Secours catholique propose un accueil de jour depuis avril pour les personnes sans domicile stable, à la rue ou à la recherche de liens sociaux.
DR Monsieur RoniÀ lire aussi ...
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Ward Hamoush. 22 ans. Réfugié syrien en France depuis 2016. En attente de la nationalité française. Ancien étudiant poitevin en musicologie. Donne des cours en Vendée. A raconté son parcours d’exil sur la scène du dernier TEDx Poitiers, l’autre samedi. Signe particulier : modèle d’intégration.
