MaPrimeRénov’ épisode III

Depuis le 15 mai, l’Etat a assoupli les conditions d’accès à son dispositif d’aide à la transition énergétique pour les particuliers. Ce que réclamaient les professionnels depuis plusieurs mois...

Arnault Varanne

Le7.info

Janvier et février 2024 avaient déjà donné quelques indices du désamour des Français pour MaPrimeRénov’, avec une baisse du nombre de dossiers de 40% par rapport à la même période de 2023. C’est un euphémisme, la réforme du dispositif phare de rénovation énergétique a connu des débuts compliqués, y compris dans la Vienne où seulement 4,29M€ (893 dossiers) ont été engagés entre le 1er janvier et le 30 avril contre 7,97M€ dans la même période de 2023 (1 906 dossiers). « Les conditions d’accès aux aides étaient telles que beaucoup ont renoncé, analyse Benoît Labrunie, délégué de la Capeb 86. Un client qui avait changé sa chaudière il y a trois-quatre ans ne pouvait pas être aidé pour refaire son isolation, sauf à changer à nouveau de mode de chauffage. C’était ubuesque ! »

La réintégration des mono-
gestes d’isolation -sans changement de mode de chauffage ou de système d’eau chaude sanitaire donc- depuis le 
15 mai 2024 devrait « libérer le marché ». Tout comme le report de l’obligation de fournir un diagnostic de performance énergétique, condition sine qua non pour solliciter MaPrimeRénov’(*). « Certains ont considéré qu’ils ne pourraient pas assumer tous les travaux, témoigne Thomas Dabilly, chargé d’affaires chez Desplebains-Foussette, à Châtellerault. On a constaté un peu d’attentisme en début d’année. »


« Complexité 
administrative »

L’autre pierre d’achoppement concerne Mon accompagnateur Rénov (Mar), « l’interlocuteur de confiance » censé accompagner les ménages dans leurs projets. « Ils ne sont pas assez nombreux », estime Thomas Dabilly. En plus de Soliha Vienne et de la Communauté d’agglomération de Poitiers, le site France-renov.gouv.fr en recense 22 autres, dont certains se trouvent à... Paris. Mais aucun à Châtellerault ! 
« Ce qui crée des délais d’attente de trois mois. A la Capeb, nous sommes interpellés par le fait que certains architectes deviennent Mar. Ils ne sont pas forcément en situation de neutralité et d’impartialité par rapport aux entreprises puisqu’ils ont leur propre réseau. Nous militons pour un service public de la rénovation énergétique. »

Ces éléments mis bout à bout ont complexifié le déclenchement de travaux de rénovation... et bouché par ricochet l’horizon des artisans, contraints pour quelques-uns à ajuster leurs effectifs. « On ne dénonce pas la volonté de l’Etat d’aboutir à des rénovations performantes mais la complexité administrative, 
redit Benoît Labrunie. Après quatre mois perdus, il faut entamer une nouvelle dynamique. »

(*)Le gouvernement a aussi acté le report de l’interdiction d’accès à l’aide pour les rénovations par geste pour les maisons individuelles dont le diagnostic de performance énergétique est classé F ou G. A noter aussi que le ministère de l’Economie a ramené d’1,6Md€ à 600M€ la hausse de l’enveloppe prévue en 2024 pour cause d’économies budgétaires.

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