Le commerce rural cherche la recette

Dans un contexte où le maintien de commerces de proximité dans les territoires ruraux s’avère compliqué, l’alternative de supérettes automatisées proposée par Api séduit de plus en plus. Sans frais ni contrainte pour les communes.

Claire Brugier

Le7.info

Même bardage bois, même surface de 40m2, même accès par QR Code… De Bournand, où la première de la Vienne a pris place en novembre, à Bignoux où la cinquième ouvre vendredi, les supérettes en libre-service Api sont toutes fabriquées -en France- sur le même modèle. Et le concept séduit. « La volonté d’Api est de s’implanter dans des villages où il n’y a pas de commerce, avec l’autorisation des mairies, afin de participer activement à la revitalisation des zones rurales », explique-t-on du côté de la société charentaise. En un an et demi, 
57 « super supérettes » ont été installées dans l’Ouest. « La formule des commerces classiques ne fonctionne pas dans les petites communes ! », tranche Thierry d’Hueppe, 2e adjoint à la mairie de Bournand (900 habitants). Ici, l’épicerie a vécu, quelques années seulement. 
« Avec Api, les clients ont accès à 700 références accessibles 24h/24 et à des prix de supermarché. C’est un service qui ne coûte rien et la commune est dégagée de la partie gestion. »
Des arguments qui ont séduit Bignoux. « Nous souhaitions installer un multiservices, mais qui soit différent de la Coop de Sèvres-Anxaumont ou du Carrefour Contact de Saint-Julien-l’Ars, pour ne pas créer de concurrence, souligne le maire Emmanuel Bazile. En plus, Api permet d’introduire des produits locaux. » 
La commune n’a déboursé que le coût d’un branchement électrique, compensé sous deux ans par le loyer.

A Bournand, une centaine de clients ont déjà activé leur QR Code pour accéder à la supérette automatisée… mais pas déshumanisée. Non seulement un 
« apicier » passe 6j/7 mais 
« les gens se croisent, assure-t-on chez Api. Et même si tout est automatisé, les supérettes ont un vrai impact en termes de lien social. »

Des collectivités mobilisées

Tout ne semble pas aussi rose dans le monde du commerce traditionnel, malgré une implication financière des collectivités, à toutes les échelles. En juin 2023, la Première ministre a lancé depuis le Sud-Vienne le plan France Ruralité 2023-2027 (12M€). De son côté, la Région, parallèlement à son soutien de 250 000€ au développement d’Api, a mis en place des aides « aux derniers commerces multi-services et TPE » et « aux commerces TPE et services du quotidien » 
(198 720€ pour 23 projets depuis mars 2023). Elle accompagne aussi les investissements productifs des TPE à raison d’1€ pour chaque euro investi par le territoire (49 000€ engagés à ce jour). Quant au Département, il intervient sur le volet immobilier.

A Ceaux-en-Loudun (565 habitants), les 700 000€ nécessaires à l’implantation d’un multiservices, en novembre 2022, ont ainsi été subventionnés à hauteur de 80%. Idem à Lhommaizé (900 habitants) où la commune a favorisé l’installation en février d’une boulangerie. Reste ensuite aux mairies à entretenir l’immobilier et à recruter des gérants qui, dans le département, viennent souvent de région parisienne, du Nord… et refont leur valise si la clientèle n’est pas au rendez-vous. Or rien ne la garantit. « C’est difficile, souligne Emmanuel Fontaine, le boulanger lhommaizéen. C’est le passage (ndlr, 10 à 12 000 véhicules par jour sur la RN 147) qui nous fait vivre. On voit peu les locaux. » De même à Ceaux, 
« la clientèle n’est pas forcément locale », convient Régis Savaton, mettant en avant la variété des services proposés, de l’épicerie à la boulangerie en passant par le bar-restaurant et le point poste. Serait-ce la recette pour que le commerce soit rentable ? A moins que ce ne soit Api…

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