Depuis le 1er janvier, la loi autorise les personnes ayant 17 ans révolus déjà titulaires du code à s’inscrire à l’examen du permis de conduire et, en cas d’obtention, à rouler seul, en totale autonomie. Pour la jeunesse étudiante, active ou en recherche d’emploi, des portes s’ouvrent.
Fin juin ou début juillet, Axel, 17 ans depuis décembre dernier, saura s’il a décroché son bac général. Dans l’attente des premières épreuves, c’est avec sa propre automobile qu’il effectue, chaque jour, la dizaine de kilomètres séparant son domicile chasseneuillais du lycée qu’il fréquente depuis la seconde. Oubliés les allers-
retours intempestifs imposés quotidiennement à sa grand-mère. Désormais, c’est lui qui est seul à la barre.
Après avoir obtenu son code dès l’âge de 15 ans puis sacrifié au rite de la conduite accompagnée pendant dix-neuf mois, Axel a finalement décroché le permis à sa deuxième tentative, en mars de cette année. Comme lui, ils sont des milliers en France à avoir franchi le Rubicon du permis B et, plus encore, de la conduite autonome à 17 ans.
« Dans mon cas, cette loi a
accéléré les choses, éclaire l’ad(u)olescent. J’étais déjà à jour de mes 3 000 kilomètres de conduite accompagnée, j’aurais certes pu passer le permis, mais j’aurais aussi dû attendre mes 18 ans pour pouvoir conduire ma propre voiture. Là, ça a tout changé. Comme j’avais fait pas mal d’économies, j’ai pu l’acheter en dix jours. »
Une dynamique
de responsabilisation
Créé pour favoriser l’autonomie et l’employabilité des jeunes, le nouveau dispositif a déjà des effets bénéfiques sur l’activité générale des professionnels du secteur. « Une nouvelle dynamique s’est créée, reconnaît ainsi Aurore Ferrand-Rousseau, gérante de l’auto-école La Gibauderie. Je pense que depuis le 1er janvier, vingt à vingt-cinq de nos élèves en conduite accompagnée ont décidé d’accélérer le mouvement et de s’inscrire à l’examen du permis de conduire. L’autonomie à 17 ans, pour la recherche d’un boulot et le boulot lui-même, c’est un virage important dans la vie. D’autant plus lorsqu’on habite à la campagne et que les déplacements sont compliqués. »
Avis partagé par Rudy Prat, qui voit dans la nouvelle mesure un « excellent moyen de responsabiliser les jeunes ».
« Je constate d’ailleurs, et c’est un peu paradoxal, qu’à 16-17 ans, la majorité de nos élèves sont plus matures, moins insouciants que la plupart des 18-20 ans. Je les trouve plus focus sur leur apprentissage. »
S’il admet que 60% de ses élèves en conduite accompagnée ont coupé court à leurs obligations pour s’inscrire directement à l’examen, le co-gérant de Nouvel'R à Biard ne craint pas l’éventuel « goulot d’étranglement » un temps redouté. « Cette nouveauté implique bien sûr un accroissement du nombre de candidats proposés à l’examen, explique-t-il. Mais ce n’est pas un écueil. Pour les « re-passages », notamment, nous n’hésitons jamais à aller voir les disponibilités offertes dans les départements voisins, ce qui nous évite des attentes interminables. »
Des attentes heureusement quelque peu réduites dans la Vienne depuis décembre 2023 et l’arrivée d’un cinquième inspecteur. « Un sixième est même annoncé pour le début d’année 2025 », prévient Aurore Ferrand-Rousseau. De bon augure pour l’activité d’ensemble des auto-écoles et la gestion de leurs flux ? « Oui, à condition que nous-mêmes parvenions à tenir la cadence », tempère la dirigeante, dont la principale entrave est de ne trouver personne à recruter. La Gibauderie a aujourd’hui besoin d’un moniteur moto et d’un auto.