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A mi-chemin entre deux albums, le rappeur châtelleraudais Lhomé se produira samedi à l’Acropolya, à La Roche-Posay. Il sera précédé sur scène par des collégiens qu’il a initiés au rap et au slam.
En quoi le concert de samedi à l’Acropolya est-il particulier ?
« Cela fait neuf mois que le projet est dans les tiroirs, coordonné par Raphaël Foret-Bruno de l’Atelier des possibles, à Pleumartin, une association qui réalise un gros travail de développement local. J’ai travaillé avec deux classes de 4e du collège Léon-Huet de La Roche-Posay sur l’écriture de textes, en rap et slam, et leur interprétation. Les élèves présenteront leurs créations en ouverture. Le concert, qui s’appelle Miracle(s) du nom de l’album, sera un florilège de mes trois derniers disques pour avoir un univers cohérent dans la proposition textuelle et musicale. »
Comment définiriez-vous votre univers ?
« Cela reste toujours dans le
« doux puissant », doux avec un ancrage, quelque chose de statuaire, qui ne tremble pas. Sur scène, la musique est le liant avec le public, plus habitué à des albums monolithiques faits d’une seule couleur déclinée en camaïeu. Or celle de Miracle(s) est compliquée à cerner, c’est plus un album façon Arlequin, peut-être parce qu’il n’y a pas deux fois le même compositeur sur les morceaux. C’est de la chanson, du rap, du slam… Un savant mélange que l’on secoue dans la salle. »
Diriez-vous que vos textes sont engagés ?
« Je ne pense pas être engagé, ni revendicatif. L’album ne parle pas de politique, il traduit la profondeur de l’âge et la conscience d’être profondément l’homme que j’ai envie d’être à travers l’artiste que je suis. Les textes ne sont ni positifs, ni légers, ni sombres car ils ont une part de lumière. Je dirais que ce sont des textes éclairés. »
Et intimes ?
« On m’a dit que ma musique était tellement intime que certaines personnes n’osaient pas y entrer. Je m’étais dit de ne pas rester dans ce registre... C’est peut-être la limite de Miracle(s) :
il n’y a pas une seule ambiance musicale mais, sur l’aspect textuel, cela reste du Lhomé. J’ai du mal à décaler ma plume. »
Est-ce que votre collaboration récente avec le duo ForteCello vous y incite ?
« Je suis très content de ce projet, Romance urbaine, mais c’est très dur au niveau de l’écriture. C’est un grand écart musical car le classique n’est pas fait pour laisser de la place à la voix. C’est à moi d’adapter mes textes et mes phrasés sans déformer les œuvres. C’est un projet slam, la suite de Miracle(s) sera, elle, purement rap. »
Dans quel courant rap vous inscrivez-vous ?
« Dans un triangle MC Solaar-Akhenaton-Grand Corps malade (dans une moindre mesure). Si l’opportunité s’était présentée, il y a plus de chansons de MC Solaar que j’aurais aimé pouvoir écrire. Le rap permet que les mots épousent vraiment la musique, là où dans une chanson classique il y a fusion. On ne rappe pas ce qu’on veut quand on veut, on répond à une musique existante, le texte est esclave de la musique, il vient comme un instrument supplémentaire. D’ailleurs dans le rap on parle de flow, dans une chanson on parle de paroles. »
Et avoir un nom de scène, est-ce important ?
« Dans la chanson, on garde souvent son état civil. Dans le rap, on se choisit un avatar, cela se décide très tôt. Personnellement je ne voulais pas être Julien (ndlr, Laba) dans le rap. Je voulais que mon nom rappelle mes origines -je suis un déraciné (ndlr, né au Togo)-, qu’il finisse en « é »
car cette sonorité est rare dans le rap, et qu’il porte un « h », pour « histoire »,
« humanité », « humain »,
c’est une lettre riche qui ne se prononce pas. »
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