Alors que la 24e édition de la Gamers Assembly se déroule ce week-end au parc des expositions de Poitiers, la politique d’attractivité de Grand Poitiers sur l’esport entamée en 2018 a-t-elle porté ses fruits ?
2 500 joueurs amateurs et professionnels, 20 000 spectateurs attendus, une flopée d’animations... Pas de doute, la Gamers Assembly (GA) qui s’apprête à déferler sur Poitiers pendant le week-end de Pâques reste « la plus grande Lan party de France », se réjouit Marion Strobel. « Et on n’y arriverait pas sans les pouvoirs publics »,
reconnaît la déléguée générale de l’association Futurolan. Grand Poitiers accorde chaque année 300 000€ de subvention à la structure. Les retombées ?
« L’impact est assez fort avec des caterings (buffets, ndlr) dont les fournisseurs sont locaux, de la location de matériels,
400 bénévoles mobilisés... Il faut en revanche qu’on arrive à évaluer ce que représentent les 2 500 joueurs en termes de nuitées et de restauration. »
Quelques startups accompagnées
Dès 2018, Grand Poitiers a émis le souhait que la Gamers Assembly ne soit plus seulement un phare dans la nuit, autrement dit que l’esport vive toute l’année dans la Vienne, avec un éco-système composé d’associations, d’entreprises... Hélas, la crise sanitaire « ne nous a pas fait gagner du temps ! », ironise Michel François, vice-président au Développement économique. Et pourtant, les Orks sont encore à ce jour « la seule équipe professionnelle française à porter le nom d’une collectivité ». La
« team » poitevine a d’ailleurs essaimé avec la création de clubs esport dans des villes comme Chauvigny, Lusignan, Dissay ou encore Poitiers. Mais si la communauté urbaine se montre volontariste avec un total de
485 000€(*), qu’elle a poussé pour la naissance d’une antenne de Nouvelle-Aquitaine de France esport, qu’elle contribue à accompagner quelques jeunes pousses via Neoloji (Coda Tech, My Loot, Skiléo), elle ne peut pas tout toute seule.
« Filière pas encore assez mature »
De ce point de vue-là, l’exemple de Montpellier semble une source d’inspiration. La force de frappe d’un influenceur comme ZeratoR et les investissements de l’Occitanie -entre autres- ont permis de convaincre l’agence d’événementiel ZQSD (60 salariés) de quitter Lyon pour l’Hérault. « Ce dont il faut se rendre compte, tempère Désiré Koussawo, c’est que la filière n’est pas encore assez mature pour générer des champions comme dans la Tech. » Le président-fondateur de la « GA » et président de France Esport estime donc que les collectivités doivent chasser en meute.
« Grand Poitiers l’a compris depuis longtemps mais la Région ne souhaite pas en faire une filière d’excellence et se positionner fortement sur l’esport. »
Un autre élément joue en défaveur du territoire : la crise des éditeurs. Car même si le marché du jeu vidéo a atteint 6Md€ de chiffre d’affaires en 2023 dans l’Hexagone, selon le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (Sell), ce chiffre brut cache des réalités très contrastées chez les éditeurs, qui ont multiplié les licenciements. « L’économie de l’esport se base essentiellement sur le sponsoring et le marketing », rappelle Désiré Koussawo, qui prône la patience. En attendant que les talents et les emplois n’affluent vers Poitiers, l’ouverture récente de la salle Le Lobby, à Poitiers, ou le lancement d’un master management du jeu et des pratiques ludiques à l’université en septembre consolident l’éco-système.
(*)Dont 50 000€ en faveur d’une expérimentation, le Silver play lab, aux côtés de ReSanté-Vous et Grand Poitiers. Il s’agit d’un labo où jeunes et seniors créent des jeux.