Ancien entraîneur du CEP-Saint-Benoît volley et désormais coach en entreprise, Bérenger Briteau publie Equipes gagnantes(*), une analyse des grands succès des équipes françaises autant qu’une source d’inspiration pour le monde économique.
Treize ans coach sportif, autant en entreprise. Ce livre est-il le résumé de votre carrière professionnelle ?
« Au contact d’entreprises diverses et variées, je me suis rendu compte que dans le management, les choses se font de façon intuitive avec beaucoup de croyances liées à notre passé, notre culture et qui conduisent, malgré la bonne volonté, à du mal-être et à de la contre-performance. Or, on peut faire autrement. J’avais envie de partager mon expérience et ma vision. Ce livre, je le cherchais depuis très longtemps ! »
Laurent Tillie, Aimé Jacquet, Fabien Galthié, Claude Onesta... Les plus grands coachs témoignent dans Equipes gagnantes de leur culture de la gagne. Existe-t-il une recette pour réussir ?
« Dans le sport, on voit toujours la partie émergée de l’iceberg, la victoire du week-end. Mais le travail d’un entraîneur va bien au-delà. Ce qui fait la différence, c’est la vision qu’a le manager de son groupe, du rêve qu’il a envie d’accomplir avec lui, du chemin qu’il va emprunter. Oui, il y a une méthodologie. Equipes gagnantes est une forme de modélisation de beaucoup de méthodes. »
Vous évoquez notamment un modèle cellulaire où l’individu, le collectif, le contexte, l’environnement... sont autant d’équations à maîtriser. Les réseaux sociaux ne sont-ils pas le défi n°1 ?
« Ce qui change, c’est la rapidité de l’information. A l’époque d’Aimé Jacquet (entraîneur de l’équipe de France de foot championne du monde en 1998, ndlr), il n’y avait pas les réseaux sociaux et, pourtant, il en a pris plein la tête. Ils compliquent la donne, mais c’est un paramètre de la performance qui doit être managé car il a un impact sur une équipe. Didier Deschamps le fait très bien par exemple. »
Les clés du succès dans le sport sont-elles transposables à d’autres organisations ?
« Un dirigeant d’entreprise, comme un entraîneur de club, a besoin d’arriver à un certain niveau de performance, ce qui implique un fonctionnement établi dans son équipe, une sorte d’utopie collective, de rêve de vivre ensemble. Cette construction se fait par étapes. Aujourd’hui, on est trop dans l’urgence d’une rentabilité immédiate mais il y a heureusement des dirigeants qui se projettent. La performance se fait dans le relâchement et la focalisation. Tout est question d’équilibre. »
Certains salariés dans le sport collectif ne sont-ils pas les vrais patrons, contrairement aux entreprises où la hiérarchie est plus claire ?
« Le problème ne se pose plus à partir du moment où le joueur a intégré le rêve de l’entraîneur. La vraie différence entre le sport et l’entreprise, c’est la nature des contrats de travail, à court terme dans les clubs, en CDI dans le monde économique. Et puis les émotions sont décuplées dans le sport, l’affect est plus plat en entreprise. »
(*)Equipes gagnantes, de Bérenger Briteau, avec la collaboration de Laurent Tillie - éditions Diateino - 358 pages - 22€.