Avec Les Rois de la piste, Thierry Klifa signe un film plein de charme, aux confins de plusieurs genres, porté par un casting de luxe sur lequel règne Fanny Ardant, irrésistible.
Comédie, drame, polar… Les Rois de la piste est un peu tout cela à la fois. Dans son dernier long-métrage, Thierry Klifa s’immisce dans les combines de la famille Zimmerman, trois générations élevées dans l’art de la cambriole et de l’arnaque. Evidemment, si Rachel (Fanny Ardant) avait daigné amender sa recette de goulash, l’histoire aurait très certainement été différente. Mais la cheffe de clan est attachée aux traditions, bonnes ou mauvaises. Alors comme à l’accoutumée, ce soir-là, elle a mis de l’ail dans son plat… Et son petit-fils Nathan (Ben Attal) a purgé une peine de trois ans de prison, son père Sam (Mathieu Kassovitz) a mis sa vie entre parenthèses, son oncle Jérémie (Nicolas Duvauchelle) s’est évaporé. Et tout ça pour une « croûte » qui, soit dit en passant, n’est autre que la Musicienne de Tamara de Lempicka, sur laquelle lorgnait Madonna en personne !
Ainsi décrit, le scénario paraît incongru, voire tout bonnement absurde, mais il est émaillé de répliques savoureuses et, surtout, il est peuplé de personnages attachants, de ces éternels perdants qui suscitent spontanément l’affection. Il faut dire que, comme dans Le Héros de la famille et Une vie à t’attendre, Thierry Klifa a l’art de soigner son casting. Mathieu Kassovitz et son air triste de Droopy, Nicolas Duvauchelle tout en féminité et le jeune Ben Attal plein d’une fougue juvénile incarnent avec justesse les membres de cette famille dysfonctionnelle. Quant à la reine de la piste, assurément c’est elle, Fanny Ardant, regard de braise et voix incandescente, une mère perchée et étouffante qui souffle le chaud et le froid sur son petit monde, et sur les spectateurs.
De facture plutôt classique, Les Rois de la piste ne réinvente pas le genre, quel qu’il soit d’ailleurs, mais il charme par sa douce extravagance.
Comédie dramatique, de Thierry Klifa, avec Fanny Ardant, Mathieu Kassovitz, Ben Attal (1h56).