Quelques fausses notes 
pour Boléro

L’œuvre est mondialement connue, le compositeur un peu moins. Dans Boléro, le spectateur est invité à découvrir Maurice Ravel dans son intimité et le processus de création de ce qui deviendra son chef-d’œuvre.

Charlotte Cresson

Le7.info

«Ta-tatatatam tatatatam tam poum »... L’air du Boléro de Ravel nous est tous familier. Et pour cause, pas un quart d’heure ne passe sans qu’il ne soit joué quelque part dans le monde. Son auteur, lui, est néanmoins presque inconnu. Dans Boléro, la réalisatrice (Anne Fontaine) cherche à nous emmener à sa rencontre à travers les étapes de création de ce qui deviendra un « tube ». Incompris de ses pairs et tourmenté, Maurice Ravel (Raphaël Personnaz) s’inspire des sons qui l’entourent pour créer. La scène d’ouverture se déroule ainsi dans une... usine, au milieu du rythme infernal des machines modernes des années folles. L’artiste trouve le déclic qu’il attendait pour créer le ballet érotique aux sonorités espagnoles commandé par l’excentrique Ida Rubinstein (Jeanne Balibar). L’inspiration a mis du temps à venir. Le compositeur se torture et songe à ses souvenirs, qui s’évaporent peu à peu. Le spectateur fait ainsi des bonds à travers le temps pour plonger dans l’intimité du mystérieux Ravel. Les étapes du processus de création laissent ainsi malheureusement place à une frivolité pas nécessaire. La cause ? L’accent mis sur une romance, certainement fictive, entre l’artiste et une certaine Misia (Dora Tillier). Et si l’ennuie est quasiment impossible dans les seize minutes d’inlassables répétitions du chef-d’œuvre de Ravel, les deux heures paraissent parfois longues et maladroites.

Sauvé par le casting

Boléro reste cependant une bonne surprise. Porté par Raphaël Personnaz, amaigri et juste, le long-métrage nous fait découvrir un Ravel mélancolique, dandy et brillant. Le personnage est attachant et donne envie d’en apprendre davantage sur son histoire. Jeanne Balibar campe une Ida Rubinstein avec justesse. Cette riche mécène et ancienne danseuse star des Ballets Russes est notoirement libre, provocante et scandaleuse. Le casting « sauve » le film, tout comme le soin apporté aux sons. Comme Ravel, le spectateur est amené à distinguer les bruits du quotidien qui inspirent l’artiste. Le tic-tac du réveil, le souffle du vent ou encore le frottement des gants de soie sur la peau sont magnifiés pour le plus grand plaisir des mélomanes.

Biopic, d’Anne Fontaine, avec Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar (2h).

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