Aujourd'hui
L’allemand en reconquête
Face à la diminution constante des effectifs de germanistes, le rectorat de Poitiers met en avant les dispositifs scolaires permettant l’apprentissage de l’allemand, et ce dès la maternelle.
La colère est grande. La réforme du « choc des savoirs » déplaît et fait sortir de leurs gonds les chefs d’établissement, d’ordinaire plutôt discrets. L’événement est rare : ce n’est que la deuxième fois en dix ans qu’ils manifestent. A l’appel du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN), ils étaient une centaine de proviseurs et principaux réunis devant le rectorat de Poitiers mercredi dernier. Leur objectif ? « Obtenir le retrait de la réforme », selon Pierre Alix, principal de collège à Chauvigny et secrétaire du SNPDEN. La réforme en question ? Celle du « choc des savoirs », proposée par Gabriel Attal en octobre 2023 pour « remettre de l’exigence » à l’école. Une « bêtise pédagogique », selon Thierry Bocquillon, principal du collège France-Bloch-Sérazin, à Poitiers, et secrétaire académique ID-FO. Refonte des programmes, généralisation de la « méthode de Singapour » ou encore modification du redoublement sont au menu, mais c’est avant tout la création de groupes de niveaux dès la 6e en français et en mathématiques qui déplaît. Rebaptisés « groupes de besoins », ils consistent, aux yeux des manifestants, en un « tri des élèves ». Jean-Claude Pérou, enseignant au lycée Aliénor-d’Aquitaine, dénonce « un non-sens par rapport à l’essence même de la tâche de l’école ». Selon le représentant de la fédération FO, « cela va indéniablement renforcer les inégalités, et ce dès la 6e ».
La rectrice de l’académie de Poitiers Bénédicte Robert a reçu plusieurs représentants syndicaux comme Bruno Quintard, principal du collège Camille-Guérin de Vouneuil-sur-Vienne et membre du SGEN-CFDT. Le rectorat, « à l’écoute », cherche des solutions pour une rentrée plus apaisée et s’engage à faire remonter les plaintes. Le lendemain, la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, a annoncé, vouloir assouplir le dispositif des groupes de niveaux en regroupant les élèves dans leur classe de référence. Le but étant « d’éviter l’assignation des élèves dans un groupe et de permettre la flexibilité ». En classe entière, une sorte de « mise à jour » sera réalisée et permettra de réajuster les différents groupes afin qu’ils soient temporaires et ciblés sur les compétences. Une prise de parole qui peine à convaincre.
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