Hier
Olivier Pouvreau vous embarque cette saison au plus près du vivant, dans un univers qu’il affectionne tant.
Aujourd’hui, 12 février 2024, par la fenêtre j’observe : un verdier dont je reconnais la bande alaire verte, des mésanges à longue queue par leur allure de petites perruches, des moineaux par leur grégarité et leurs teintes marronnasses, l’accenteur mouchet, souvent confondu avec le moineau femelle mais qui est solitaire… Tout ceci me paraît aller de soi, la reconnaissance de ces espèces m’est familière depuis presque quarante ans maintenant. Ce savoir vaut pour bien des domaines. Tel féru d’automobile saura par exemple identifier une 2CV au bruit du moteur. Tel mélomane saura apprécier en profondeur une œuvre musicale en sachant y reconnaître sa structure, sa grille harmonique, la couleur des accords… Tel amateur d’architecture ancienne saura comprendre la nature d’un bâtiment médiéval par repérage et désignation de ses composants structuraux. Que nous disent ces exemples ? Que savoir repérer, lire et déchiffrer des signes qui, jusque-là, ne nous étaient pas révélés (par leur discrétion, leur équivocité ou leur complexité) enrichit nos vies à la fois esthétiquement (puisqu’il s’agit de pouvoir déchiffrer des formes ou des sons) et cognitivement (en rendant le réel plus complexe qu’il n’y paraît). En somme, embellir sa propre vie de signes, aspirer à une sorte de « sémio-diversité », voilà qui permet sans doute de mieux « goûter la richesse du monde »… Comme le rappelait Roland Barthes dans sa leçon inaugurale au Collège de France en 1977, lui qui fut sémiologue : « savoir » et « saveur » ont justement la même étymologie.
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