Alors que vient d’être signé le Plan département pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations LGBT+, les plaintes pour des actes liés à l’orientation sexuelle des victimes sont en augmentation en France.
En 2019, le Comité opérationnel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme (CORA) a été prolongé par le H de haine anti-LGBT. Il est devenu CORAH. Une nouvelle étape a été franchie en début de semaine dernière avec la signature en préfecture du Plan départemental pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+. Cette mobilisation de l’Etat, des élus et des forces de l’ordre, en lien avec les associations, n'est pas anodine. Les chiffres publiés par l’Observatoire des inégalités témoignent d’une hausse du nombre de crimes et délits homophobes et transphobes. Entre 2016 et 2022, il a plus que doublé avec, au niveau national, 2 417 plaintes anti-lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) enregistrées par les forces de police et de gendarmerie. Mais combien d’agressions en réalité ? Car seules 20% des victimes déclarent avoir porté plainte, la majorité s’abstenant à l’instar de la Coloc Drag, victime de trois agressions à Poitiers en décembre et janvier derniers, dont une au couteau. « Nous n'avons pas fait d'événement depuis parce que nous avons peur de sortir », expliquait Luna Light début janvier. « Les gens ont peur d’être mal reçus par méconnaissance, constate Marianne Souchon, co-présidente du Centre LGBTI du Poitou. Notre action consiste en partie à sensibiliser et former les forces de l’ordre, car c’est une question de confiance. Et on invite les victimes à nous contacter pour les orienter sur quelqu’un qui soit à l’aise sur la question. »
Prévenir, accompagner, dissuader
Selon l’Observatoire des inégalités, 72% des actes anti-LGBT -dans la Vienne leur nombre est fondu dans la masse des autres discriminations-, touche des hommes jeunes (- 34 ans). Dans les deux tiers des cas, les faits ont lieu dans l’espace public.
Noël, victime d’une agression le 19 mai 2020 près du Moulin de Chasseigne à Poitiers, Mendy, le 29 juillet de la même année rue de la Roche… Yohann Allemand les a accompagnés, eux et d’autres lorsqu’il était le représentant du Refuge. « Beaucoup de jeunes nous appelaient pour nous dire qu’ils étaient harcelés, raconte-t-il. C’est pourquoi il est important de faire de la prévention en milieu scolaire, pour expliquer à cette nouvelle génération qu’on est tous différents et qu’il n’est pas acceptable de rejeter une personne parce qu’elle est gay, lesbienne ou en parcours de transition. »
Yohann Allemand croit au pouvoir des témoignages, dussent-ils choquer. Il croit parallèlement au pouvoir de la dissuasion. « Il faut mettre en place des peines exemplaires et agir sur les réseaux sociaux où l’homophobie est très présente. Aujourd’hui, les victimes craignent que leur plainte pour injure ou discrimination n’aboutisse pas, qu’elle ne soit pas « assez grave » pour la justice (ndlr, 5% portent plainte pour injures). Et puis certaines personnes n’assument pas leur homosexualité. Le fait que le nouveau Premier ministre soit concerné va peut-être faire un peu bouger les choses…, avance Yohann Allemand sans trop d’espoir. Il y a encore du travail, notamment en milieu rural où il est moins facile d’assumer sa différence qu’en ville. »
Le maire de Chenevelles Cyril Cibert nuance et met en avant le succès dans sa commune de l’unique Marche des fiertés rurales de France, qui aura lieu cette année le 27 juillet.