
Aujourd'hui
Elle ne regrette rien. Non pas qu’elle n’ait pas apprécié sa première vie professionnelle de psychologue clinicienne, mais quand l’appel du grand air a été trop fort, Julie Jamain a troqué sa blouse blanche contre des bottes en caoutchouc. Elle est devenue éleveuse de porcs, en plein air cela va de soi, sous l’enseigne La Cochonnerie de Julie, à Liniers, près de Chauvigny. « Je crois qu’en devenant maman, je me suis autorisée à me dire que je voulais faire autre chose, que j’avais plus d’ambitions, que j’avais envie de travailler pour moi. » Passionnée depuis toute petite par les animaux, la jeune femme aujourd’hui âgée de 36 ans a grandi avec des chevaux. Mais elle avait des facilités scolaires, les portes de l’enseignement supérieur lui étaient ouvertes et, poussée par ses parents, elle a décroché un master 2 en psychologie. Puis, après quelques petites missions ici et là, elle a vu cette annonce du CHU de Poitiers pour un CDI de psychologue clinicienne. Elle n’a pas hésité et y est restée près de huit ans. « J’étais dans le service PMA et diagnostic anténatal. Je recevais les patients mais aussi des collègues au bord du burn-out… » Elle se souvient avoir dû accueillir des patients alors qu’elle-même était enceinte. « C’était compliqué, glisse-t-elle. Et puis je vivais de plus en plus mal d’être enfermée toute la journée. Quitter l’hôpital pour faire autre chose, mais quoi ? »
Julie a pris le temps d’un bilan de compétences, financé par le CHU. « Il en est ressorti qu’il me fallait une activité dans laquelle je serais autonome, je gèrerais mon temps, je travaillerais au contact de la nature… » Une fois encore une petite annonce a tout fait basculer : une ferme porcine était en vente dans le Sud-Vienne. « C’était trop loin pour moi, j’avais toute ma famille dans le secteur, mais c’était une femme qui tenait l’élevage, je me suis identifiée à elle. » Pendant deux ans, jusqu’en 2019, Julie a mené une double activité. Elle ne s’en cache pas : si elle a choisi les porcs, c’est parce que leur élevage est moins onéreux. Et aussi parce qu’« à la naissance de mon premier enfant, on m’a offert un jeune cochon. J’avais donc déjà eu un contact avec cet animal qui se comporte comme un chien ». Rosette a ouvert la voie à ses congénères dans le cœur de l’éleveuse qui a d’abord tâtonné, notamment pour les inséminations, pour éviter les écrasements… « Aujourd’hui, j’ai six femelles reproductrices et environ quatre-vingts porcelets par an. » Julie fait tout de A à Z, de l’insémination au trajet jusqu’à l’abattoir de Confolens en passant par la gestion du fichier clients, la comptabilité... Mais elle veille à ne pas se laisser dépasser. « Je m’octroie du temps avec mes enfant de 7 et 9 ans, je peux les emmener à l’école et aller les récupérer. Je ne veux pas être esclave de mon élevage. Avec ce projet, je suis allée vers mon épanouissement personnel. J’ai le contact avec les animaux et la clientèle, j’ai vraiment une autre qualité de vie. »
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