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La mezzo soprano Lea Desandre et le luthiste Thomas Dunford ont sorti en octobre Idylle, un album qui réussit le délicat mariage entre musique baroque et variété française. « C’est un projet hybride », convient la chanteuse qui a des attaches familiales dans le Châtelleraudais (Le 7 n° 421).
Comment cette Idylle est-elle née ?
« Nous avions ce projet depuis huit ans avec Thomas (ndlr, Dunford, luthiste). Nous sommes partis d’un récital tout baroque auquel nous nous sommes amusés, en bis, à ajouter une fin déconnectée. D’abord des textes hors contexte, comme A Chloris de Renaldo Hahn ou Mélisande, de Debussy. Puis, en allant plus loin, nous sommes arrivés à Barbara et les retours du public ont été très positifs. »
Comment avez-vous sélectionné les 22 morceaux qui composent le disque ?
« Nous avons suivi notre cœur, choisi des pièces qui nous touchent et qu’on aime. Pour les mélodies françaises, on a préféré celles possibles pour luth seul. Pour les chansons des années 1960, c’est plutôt moi qui ai guidé car Thomas est plus musique pop (sourire). Nous avions pensé à Barbara depuis longtemps. Pour Françoise Hardy, le choix est lié à un souvenir. J’étais chez ma mère, dans son jardin à Châtellerault. On a cherché dans le répertoire et on est tombé sur elle. Ses textes sont très beaux, ses mélodies aussi. Globalement, on a cherché un équilibre pour permettre aux auditeurs de voyager sans s’ennuyer. L’écoute du disque est plus difficile que dans un concert. »
Techniquement, comment passe-t-on du lyrique à la variété ?
« La technique est la même mais l’approche se fait par le texte, avec une tessiture plus restreinte, en accentuant le côté diseuse. J’utilise plutôt la voix de poitrine. Avec un micro, on ne soucie pas de la projection, on reste dans le registre de la voix parlée. La différence se fait plutôt dans les « r », qu’on choisit ou non de rouler. Il faut faire le lien entre la variété française et la musique baroque sans trop déranger l’oreille. Thomas, lui, cherche dans le même instrument des couleurs différentes, par exemple des sonorités plus métalliques et pop dans Le Temp de l’amour, pour montrer que le luth peut sonner très moderne. »
A-t-il été compliqué de donner une unité au disque ?
« Un disque, ce sont des choix et des goûts. Nous avons voulu tout mélanger et proposer aux auditeurs en trois chansons trois époques différentes. D’une pièce à l’autre, on cherche vraiment le contraste, à surprendre les oreilles des auditeurs. Si ça peut rendre ceux de musique classique plus ouverts à d’autres répertoires et faire entrer d’autres personnes dans notre monde, tant mieux ! C’est aussi un moyen de gommer les frontières entre les répertoires, l’élitisme de la musique classique. C’est un projet hybride, mais baroque ou de variété on propose de la musique française. »
Idylle, Lea Desandre et Thomas Dunford, chez Erato, 16,99€.
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jeudi 21 novembre