Hier
Le Regard de la semaine est signé Kamel Latrach.
On a tous notre madeleine de Proust, cette saveur qui nous réconforte et nous rassure. Moi, c’est le yaourt à la fraise que j’associe principalement à mes très jeunes années. Quand arrivait 17h30, avec mes frères, on surveillait par la fenêtre l'arrivée de mon père qui rentrait de l’usine. On se dépêchait de le rejoindre pour lui raconter notre journée ou nos chamailleries. Mon père appréciait qu’on le rejoigne avant même qu’il ne franchisse le palier de l’appartement. Son rituel était de nous offrir un fruit et un yaourt qu’il sortait de sa sacoche. Moi, j’étais le dernier de la famille, le chouchou, j’avais droit au yaourt à la fraise et je laissais mes frères se débrouiller avec le fruit. Ce sont là mes souvenirs d’enfance. Ce rituel s’est estompé naturellement lorsque nous avons grandi.
Mon récit est « somme toute »
très classique mais, arrivé à mes 18 ans, j’ai eu la chance de pouvoir décrocher un job d’été à l’usine Poujoulat, aux côtés de mon père. Ce jour-là, j’ai découvert quel homme de devoir il était. L’usine, ce n’est pas très compliqué. Tu es à un poste et tu as un nombre de pièces à monter ou à souder dans la journée. Tu indiques ton nombre de pièces et tu compares ton résultat avec le score attendu pour une journée de travail normale. Evidemment, j’étais très loin du compte mais je voyais des scores incroyables pour mon père. C’est là que je me suis pris une « première claque »,
où j’ai vu que mon père était très fort. La deuxième « claque », c’est quand, arrivé au réfectoire, j’ai eu droit à mon fruit et mon yaourt que je me suis dépêché d’engloutir pour reprendre des forces et tenir ces fameuses journées de travail. Mais en même temps que je mangeais, je ne pouvais pas m’empêcher de revoir mon père qui gardait ses desserts pour nous les donner le soir venu. Je peux vous dire que lorsque j’ai pris conscience de la signification de ce modeste yaourt, je n’ai rien dit mais j’étais KO debout.
J’ai eu la chance de voir mon père tel une montagne. Son exemplarité, sa constance et sa ténacité sont les valeurs qui feraient de n’importe lequel d’entre vous un marathonien d’exception ! Aujourd’hui encore, je garde un plaisir particulier à manger mes petits yaourts à la fraise, cela reste un moment de détente que j’apprécie. Mais quand vient l’heure de s’entraîner ou d’enfiler un dossard, je n’hésite pas à faire le job tel que mon père me l’a toujours montré.
CV express
Connu pour ma passion de la course à pied, je suis toujours partant pour un footing ou une course dans la Vienne sous les couleurs de mon club le CA Pictave. Amoureux de la douceur de vivre poitevine, je me régale du quotidien que la vie m’offre, que ce soit chez moi près de ma femme et mes enfants, au Cned en tant que chef de projet informatique ou bien sur les courses en tant de chronométreur RunChrono !
J’aime : ma famille, mes amis, la vie, la bienveillance, le sport, la santé pour tous, l’école publique et l’idée qu’à plusieurs on va plus loin.
J’aime pas : la guerre, l’inflation, le fatalisme, les procès d’intention et la manipulation de masse.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.