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« Il existe un système de contrôle de la liberté d’association et d’expression. » Benjamin Ladjadj ne mâche pas ses mots. Le co-directeur de la compagnie Arlette Moreau, à Poitiers, ne comprend toujours pas pourquoi le projet théâtral « Desopressor 3 000 » n’a pas obtenu d’aides financières publiques (16 000€ demandés). « Alors qu’il avait été validé en 2020 par la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité. Et nous l’avions même amorcé avec cette structure et la Direction régionale des affaires culturelles... » « Desopressor 3 000 » invite le public à réagir aux oppressions sexistes et sexuelles.
Les précédents happenings engagés d’Arlette Moreau ont-ils déplu aux autorités ? Notamment l’offrande aux Poitevins d’« urine de préfet » -faute d’eau disponible avec la construction de bassines-, en octobre 2022, place Notre-Dame à Poitiers ? C’est en tous cas ce que nos confrères de Mediapart ont évoqué dans un article paru début octobre. Benjamin Ladjadj avance des raisons plus politiques encore. « Avec notre compagnie, nous traitons pourtant de bien d’autres sujets, comme ceux liés à la condition féminine ou à la place du corps sur la place publique. Et cela a l’air d’effrayer les institutions qui craignent le débat et le pluralisme. »
Jusqu’à présent, les engagements de la compagnie ne semblaient pas poser problème, la preuve avec une première subvention de 17 425€ accordée en 2021 par la Drac. D’où une nouvelle demande en mai dernier, jusqu’à ce refus notifié le 21 juillet. Nos confrères de Mediapart, citant la préfecture de région, parlent « d’engagements militants non conformes au respect des lois de la République consigné dans le contrat d’engagement républicain ».
Contactée dans un premier temps, le service communication de la préfecture régionale a renvoyé vers son homologue de la Vienne... avant de se raviser. Et de livrer une raison plus consensuelle. « La raison première de refus est que le bénéficiaire n’a pas respecté les règles d’attribution des subventions, indique Sophie Billa, cheffe du bureau de la communication interministérielle. Les compagnies doivent communiquer à l’Etat le bilan de leurs actions. Les spectateurs doivent savoir qu’elles sont financées par l’Etat. »
La compagnie de théâtre Arlette Moreau a choisi de saisir le tribunal administratif sur le fond. Cette nouvelle affaire intervient un an après la demande du préfet de la Vienne de retrait des subventions publiques à Alternatiba, en raison de la tenue d’ateliers de désobéissance civile. Une audience au tribunal administratif de Poitiers devrait se tenir prochainement.
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