Après les émeutes, 
la difficile reprise

Les émeutes du début de l’été ont laissé des traces durables dans les commerces de Poitiers et Châtellerault. Exemple avec les magasins Medicalife et Coriolis, aux Couronneries.

Arnault Varanne

Le7.info

110 000€. Deux mois après la dramatique nuit du 
29 au 30 juin, Mounir et Ferdaws Choukchou ont fait leurs comptes. Le préjudice sur les deux boutiques qui leur appartiennent aux Couronneries se monte à six chiffres. 
« 60 000€ pour Medicalife (Le 7 n°596), 50 000€ environ chez Coriolis », soupirent les gérants. Cette fameuse nuit d’émeutes, le couple d’entrepreneurs était à Lille pour une convention. Ils ont vu « en direct » leur magasin de téléphonie être pillé. Deux heures plus tard, leur boutique de matériel médical a subi des dégradations, nombreuses, avec notamment de la poudre bleue d’extincteur répandue partout, leur camion de livraison volé puis incendié, un fauteuil brûlé devant la porte d’entrée...

Après deux mois vertigineux, Mounir et Ferdaws Choukchou se projettent enfin sur la réouverture de Medicalife, dès le lundi 4 septembre. La fin d’un parcours du combattant pendant l’été, entre démarches auprès des assurances -seul un premier versement a été effectué-, des autorités, travaux (sol, vitrages extérieurs), nouvelles commandes auprès des fournisseurs... « Pendant deux semaines, on n’a pu toucher à rien en attendant le passage de l’expert », raconte Ferdaws Choukchou. Les plaintes déposées ont débouché sur l’interpellation d’un jeune de 21 ans, venu vendre un iPhone dans la deuxième boutique Coriolis, au sein de la galerie marchande de Leclerc. Il a été jugé en comparution immédiate et condamné. Maigre consolation pour les Choukchou, qui veulent toutefois « avancer » malgré l’onde de choc et ses répercussions. 
« Chez Coriolis, par exemple, le matériel de réparation et les téléphones ont été volés, comme les colis... »

Des dégâts psychologiques

Toujours aux Couronneries, les autres commerçants touchés par les émeutes place de Provence attendent pour la plupart des réponses de leurs assurances. « C’est le cas notamment de la boulangerie Coquemas, dont le laboratoire assurait la production pour deux autres enseignes », 
complète Olivier Algranti. Le conseiller d’entreprise à la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne garde le lien avec la plupart des chefs d’entreprise. Et il sait pertinemment que le redémarrage ne sera pas évident. « Les commerçants ont pour la plupart une assurance perte d’exploitation, mais il faut pour cela présenter les bilans. Or, les comptables ont pris des vacances pendant l’été. » Une façon de dire que l’inertie estivale n’a pas aidé.

Au-delà, « la baisse de fréquentation du centre commercial, estimée entre 15 et 30% », a des répercussions concrètes sur les enseignes qui n’ont pas fermé ou ont rouvert. Sans compter les dégâts psychologiques sur les salariés des magasins touchés. Chez Coriolis, l’un des deux collaborateurs ne s’imagine pas revenir, traumatisé par l’épisode de violences. D'où une réouverture ajournée. « Et des clients ont peur, ajoute Olivier Algranti. C’est un peu la double peine pour les professionnels. »

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