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1773-2023. Plusieurs événements sont organisés cet été dans la Vienne pour se souvenir de l’arrivée des exilés acadiens en Poitou. Ce lien si particulier entre les deux territoires reste vif à travers la culture mais aussi la recherche universitaire.
Savez-vous que sur le marché de Chauvigny, il n’est pas rare d’entendre des badauds s’interpeller d’un « Salut cousin » ? Sans être de la même famille, ils partagent une histoire commune, celle des exilés d’Acadie. En 1773, plus de 1 500 Acadiens francophones chassés d’Amérique du Nord par les Anglais ont été accueillis dans le Poitou. Ils se sont installés sur les terres du marquis Pérusse des Cars(*) entre Archigny, La Puye et Saint-Pierre-de-Maillé, dans des maisons construites pour eux et que l’on peut encore visiter de nos jours. On le sait moins en revanche, mais moins de dix ans plus tard, 90% de ces réfugiés étaient repartis pour la Louisiane. « Ils ont reçu des lettres de cousins acadiens restés là-bas qui leur disaient avoir réussi à retrouver la liberté sur les terres du Nouveau Monde, explique André Magord. En France, c’était encore la monarchie absolue. Cet appel a été très puissant. »
« Lien généalogique affectif »
Ce professeur de civilisation nord-américaine à l’université de Poitiers a découvert lui-même, sur le tard, au hasard d’une conversation familiale, qu’il était descendant « de la ligne acadienne ». Son aïeule était Marguerite Doucet, née en Acadie, décédée à Archigny. Etudiant, il a réalisé son mémoire de maîtrise d’histoire sur le sujet, puis lui a consacré toute sa carrière universitaire. Pendant vingt-et-un ans, il a dirigé l’Institut d’études acadienne et québécoise (IEAQ), une structure créée en 1982 à Poitiers, qui fédère les travaux de chercheurs dans une dizaine de disciplines. Des centaines d’échanges d’étudiants et d’enseignants ont eu lieu en l’espace de quarante ans, un partenariat fort s’est noué avec l’université de Moncton au Nouveau-Brunswick. Aujourd’hui, Poitiers dispose du plus riche fonds d’Europe de documents sonores et écrits sur l’Acadie. Au fil des années, cette synergie mêlant aussi les collectivités a joué pleinement son rôle pour maintenir « le lien généalogique affectif » entre les territoires. Sans oublier l’association des Cousins acadiens du Poitou qui anime notamment le musée et les fermes de la ligne acadienne, à Archigny. « Ils font vivre l’amitié entre les peuples, souligne André Magord. Lorsque des Acadiens arrivent, c’est l’effervescence. Ils sont très touchés d’être sur la terre de leurs ancêtres. »
Jeudi dernier, plusieurs officiels canadiens étaient à Poitiers pour célébrer les 40 ans de l’IEAQ et le 250e anniversaire de l’arrivée des exilés en Poitou. L’ambassadeur du Canada à Paris a rencontré la maire de Poitiers pour évoquer « des pistes de coopération possibles ». Rebelote cette semaine avec un autre colloque international et deux sorties de résidences impliquant des artistes franco-québécois. Du 13 au 15 août, jour de la fête nationale acadienne, des spectacles, repas et moments symboliques seront organisés à Archigny. Une façon de célébrer « l’odyssée acadienne », une histoire et une identité fortes.
(*)L'exposition Louisbourg, Pérusse des Cars et les Acadiens est présentée jusqu’au 20 août à l’Hôtel Sully de Châtellerault.
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