Deux agents immobiliers enchaînent les visites, au contact d’acheteurs potentiels et d’autant d’histoires intimes. Sous ses faux-airs de satire de l’immobilier, Wahou ! se révèle une comédie pleine d’humanité, teintée de mélancolie. Une jolie surprise.
Steve Henot
Le7.info
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D’un côté, un vieux manoir au cachet certain, mais pas sans défauts (le jardin donne sur… la ligne RER). De l’autre, un petit appartement moderne en plein triangle d’or de Bougival. Mandatés pour vendre ces deux biens, Catherine et Oracio ne ménagent pas leurs efforts pour provoquer l’effet « wahou ! » chez les potentiels acheteurs. Mais les agents mesurent un peu plus à chaque visite combien il est difficile de concrétiser une transaction.
Certains se seraient emparé du sujet pour en faire une satire grossière, usant jusqu’à la corde les clichés sur le milieu de l’immobilier… Bruno Podalydès est heureusement plus subtil dans l’art de la comédie. Il moque certes les éléments de langage et certaines ficelles du métier, mais il insuffle aussi dans ce Wahou ! de l’humanité à ceux qui le porte : Oracio, faussement assuré dans ce job pas vraiment fait pour lui, Catherine, une vraie pro, adepte du contrôle, que le décès d’un proche fait vaciller le temps d’une visite a priori « facile ». Devant eux défilent des potentiels acquéreurs de toutes catégories, et autant d’histoires intimes qui sont l’occasion de jolis rôles féminins. L’apparente succession de sketchs -dont une visite express savoureuse de Denis Podalydès- peut donner l’impression d’un film un peu vain, mais il émerge de toutes ces rencontres une douce poésie. Entre les quatre murs de ces biens, se jouent finalement nos existences : on s’y aime un peu, passionnément ou plus du tout, on y passe ou on s’y installe pour de bon, on y vieillit, seul ou ensemble… Ces logements, simples ou grandioses, avec leurs défauts, se révèlent être le petit théâtre de nos vies et, souvent, le reflet de nos âmes.
Comédie de Bruno Podalydès, avec lui-même, Karin Viard, Sabine Azéma (1h30)