Aujourd'hui
Présenté en ouverture du festival de Cannes, Jeanne du Barry raconte le parcours de la dernière favorite du roi Louis XV. Devant et derrière la caméra, Maïwenn signe un biopic historique classique, néanmoins moderne et surtout, très attachant.
Née roturière, Jeanne Vaubernier grandit avec le désir de sortir de sa condition. Elle use donc de ses charmes, s’adonnant à de nombreuses galanteries parisiennes pour investir la haute noblesse. Le comte du Barry, son amant, propose un jour de la présenter au Roi. Surprise, la rencontre vire au coup de foudre, et Louis XV décide de faire de la courtisane sa favorite. Désormais installée à la Cour, Jeanne doit faire face aux vives oppositions de l’entourage du monarque : une fille des rues ne devrait pas vivre ici, à Versailles…
Réaliser un film d’époque en 2023 -denrée devenue rare- constitue une belle audace. Avec tout ce que le genre comprend aujourd’hui de désuet : son format 35 mm, ses longs plans fixes, son narrateur… Mais derrière ses atours éminemment classiques, le Jeanne du Barry de Maïwenn se révèle pour le moins moderne, dans son écriture et ses thématiques. Non contente de dresser le portrait d’une femme libre, cassant les usages d’un monde dominé par le patriarcat, l’actrice-réalisatrice déroule une quête d’amour inconsciente, avec une insouciance qui confine au conte. C’est ce parfum de légèreté qui séduit, autant ceux qui croisent la route de Jeanne que le spectateur, et tant pis si la chronique historique manque d’un peu d’étoffe (malgré un décorum versaillais qui en impose). Le plaisir de la cinéaste à incarner ce personnage est manifeste à l’écran -elle est quasi de tous les plans-, et paraît rejaillir sur tout le casting. Dont un Benjamin Lavernhe remarquable en valet de chambre du roi, fidèle et dévoué. Voilà une œuvre bien plus humble qu’attendu, et à la démarche finalement plus touchante qu’irritante.
Drame de Maïwenn, avec elle-même, Johnny Depp, Benjamin Lavernhe (1h56)
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