Ils s'engagent pour protéger les mineurs en danger

Le procureur de la République de Poitiers, l'Education nationale et le Département, qui gère l'aide sociale à l'enfance (ASE), ont signé une convention pour repérer et apporter une réponse plus rapide à toutes les situations de violences sur enfant à l'école et dans les familles.

Romain Mudrak

Le7.info

En France, un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de ses parents. Et ce n'est pas tout. Un adulte sur dix déclare avoir été victime de violences sexuelles dans son enfance. Pour le procureur de la République de Poitiers, ces chiffres "laissent penseur sur le travail qu’il nous reste à faire". La Vienne n'échappe pas à la règle. C'est pourquoi Cyril Lacombe, Alain Pichon, président du Département, et Fabrice Barthélémy, directeur des services de l'Education nationale pour la Vienne, ont signé lundi soir une convention de partenariat pour cinq ans visant à renforcer la protection des mineurs en danger. L'idée ? Réaffirmer les circuits d’information et les modalités d’intervention, dans le respect des compétences de chacun, et assurer une meilleure articulation entre les acteurs institutionnels.
Tout citoyen ou professionnel peut alerter le service Enfance et Famille du Département s'il a connaissance d'un enfant mineur en danger dans sa famille(*). Tous ces signalements sont traités par la Cellule de recueil des informations préoccupantes (Crip) composée de dix agents (+2 en 2022) chargés d'évaluer les situations. "La plupart des signalements arrivent des enseignants ou des médecins du CHU, explique Julien Magniot, directeur du service Enfance et Famille au Département. Souvent dans les frateries, c'est le grand qui finit par dire que ça ne va pas à la maison. Grâce à cette convention, on se rapproche encore un peu plus de l'Education nationale pour proposer des actions de sensibilisation dans les établissements, et aussi pour leur expliquer ce qu'il se passe après le signalement." Une bonne part des situations se règlent d'ailleurs sans passage par la case justice, grâce à une aide éducative par exemple. Si un placement provisoire s'avère nécessaire, l'Aide sociale à l'enfance intervient dans l'urgence, même en pleine nuit, en attendant une décision du juge des enfants dans les huit jours.

Prévention des violences en milieu scolaire
Cette convention vise aussi un meilleur traitement de la délinquance en milieu scolaire. "De plus en plus de situations remontent, des agressions vis-à-vis des personnels de l'Education nationale mais aussi entre enfants, reprend le procureur Cyril Lacombe. Il faut alors tenir compte de la gradation de la réponse pénale." Deux référents départementaux sécurité-école sont désormais nommés au sein de la police et de la gendarmerie pour être les interlocuteurs privilégiés des chefs d'établissement. Une plateforme de suivi et d'appui aux décrocheurs, issue d'un partenariat entre les missions locales d'insertion et le Département, continue de veiller à la prise en charge des élèves en proie au décrochage scolaire, qui peut être une conséquence de diverses maltraitances. "Cette convention a des objectifs opérationnels très précis et vient compléter les actions du programme Phare de lutte contre le harcèlement scolaire", se félicite Fabrice Barthélémy. De son côté, Alain Pichon s'est réjouit de ce "partenariat essentiel" qui répond à "l'une des grandes priorités du Département qu'est la protection de l'enfance".

(*) La Crip est joignable au 05 49 45 93 61 et sur signalement-enfance@departement86.fr

La Cellule de recueil des informations préoccupantes en chiffres
1 718 informations entrantes concernant 1 025 familles, soit 1 038 enfants.
30 informations préoccupantes prénatales.
74% de ces informations donnent lieu à un signalement auprès de la justice dont 46% nécessiteront une enquête pénale, 29% une saisine du juge des enfants et 9% un placement provisoire en urgence.

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