Rémi Ouvrard est pilote de montgolfière. En novembre 2021, il est monté à plus de 4 000 mètres d’altitude, non pas dans la nacelle mais debout au sommet de l’aérostat. Les élèves de CM1-CM2 de l’école Marcel-Pagnol, à Vouneuil-sur-Vienne, l’ont interviewé sur son métier, son premier vol et cette journée folle sur le toit du monde.
Son métier : pilote de ballon
Dès qu’il fait beau, Rémi embarque des gens dans son ballon au-dessus de la Vienne ou des châteaux de la Loire. Il peut décoller de plein d’endroits bien identifiés mais connaît rarement son lieu d'atterrissage exact. En silence, il plane au-dessus de la campagne, parfois très haut. Mais ce qu’il préfère, c’est raser les arbres, les montagnes et les rivières. Rémi fait aussi de la compétition. D’ailleurs, il a terminé 3e du championnat de France en 2017. L’une des épreuves consiste à viser le centre d’une croix blanche de dix mètres. Encore faut-il trouver les bons vents pour l’amener jusque-là.
Comment tout a commencé
Chez les Ouvrard, la montgolfière est une histoire de famille. Jean-Daniel, le père de Rémi, pilote depuis trente ans (Le 7 n°438). Il est l’un des premiers en France à avoir proposé des vols touristiques. Rémi a pris les commandes pour la première fois vers l’âge de 10 ans, mais a attendu 17 ans pour décrocher son brevet de pilote. « Lors de mon premier vol seul, je me suis retrouvé dans un ban de brouillard à 500m d’altitude. Je ne voyais que du coton autour de moi, comme dans un sauna. Je me suis senti très seul ! » Heureusement, tout s’est bien terminé. Ses frères jouent souvent le rôle de co-pilotes.
Son record
dans le Guiness Book
En novembre 2021, Rémi Ouvrard est monté à 4 016m d’altitude avec un ballon Téléthon, mais pas dans la nacelle ! Il était assis sur une chaise au sommet de l’aérostat. Deux ans plus tôt, la trapéziste Isabelle Ponsot avait réalisé (sans parachute) des figures suspendues à la montgolfière de son père à 3 714m au-dessus du sol. « Un record avait été battu sous le ballon, je me suis dit pourquoi pas au-dessus ! » Cette performance figure en bonne place dans le Guiness world records 2023. Les images ont fait le tour du monde et il a répondu à beaucoup d’interviews.
Comment ça vole une montgolfière ?
En vol, Rémi va chercher les courants d’air pour guider son ballon. Grâce à ses instruments de bord, il connaît la direction des vents à différentes altitudes. Pas facile de revenir à son point de départ ! Les brûleurs permettent d’injecter de l’air chaud pour monter. Il suffit de dix minutes pour gonfler la structure. Pour en savoir davantage, plusieurs vidéos sont visibles sur sa chaine YouTube.
Anecdote
Une frayeur « assez marrante » au final
Rémi Ouvrard a raconté aux élèves de l’école de Vouneuil-sur-Vienne l’une de ses pires frayeurs en vol qui, au final, s’est révélée « assez marrante ». L’histoire se passe au lac de Saint-Cyr. « J’ai emmené Sylvain Chavanel, le coureur cycliste, et d’autres passagers, il y avait une petite brume à la surface du lac en plein soleil. J’ai stabilisé ma nacelle à 30cm au-dessus de l’eau et j’ai arrêté de chauffer mon ballon. Normalement, il devait descendre pour toucher l’eau. Sauf que cette brume l’empêchait, comme un rempart. Je n’avais jamais vu ça ! Mes passagers commençaient à me chambrer gentiment. Alors j’ai décidé de faire le nécessaire… J’ai tiré sur une corde reliée à une sorte de soupape tout en haut du ballon. Mais j’ai tiré trop fort, trop d’air est sorti, on a fait un grand plouf dans l’eau. Le problème c’est que l’eau dans la nacelle rajoute du poids, j’ai dû rallumer les deux brûleurs pour en sortir. L’eau rentrait très vite dans la nacelle, on en avait jusqu’au-dessus des genoux. J’ai commencé à me dire qu’on allait rentrer à la nage. Imaginez la montgolfière au milieu du lac ! Heureusement, j’ai réussi à repartir, l’eau s’est évacuée rapidement, si vite que la montgolfière est remontée comme une fusée, à 11 mètres/seconde. Un dimanche à 7h du matin juste après le petit-déjeuner, plus personne n’a parlé pendant quelques minutes ! » Tout s’est bien terminé. D’ailleurs, sachez qu’il n’y pas de parachute dans la nacelle, « juste une boîte de pansements », parce que de toute façon, « il ne peut rien nous arriver dans une montgolfière ».