Aujourd'hui
Trois ans après le début de la crise de la Covid, que reste-t-il des gestes barrières dans la Vienne ? Masques et gel hydroalcoolique ont été remisés au placard. Les industriels sont revenus sur leurs initiatives pour reprendre une activité « normale ».
Vous l’avez sûrement remarqué, dans beaucoup de commerces comme à l’entrée de la plupart des établissements recevant du public, les distributeurs de gel hydroalcoolique ont été remisés dans un coin. Ou lorsqu’ils sont encore en place, leur réservoir est bien souvent vide… La lutte contre la Covid n’est clairement plus la priorité du moment. Il faut dire que le dernier taux d’incidence dans la Vienne ne dépasse pas les 38/100 000 habitants. Sans doute assiste-t-on aussi à un effet de relâchement après trois ans de contraintes. Ce constat se retrouve dans les chiffres. Quand 76% des Français déclaraient se laver régulièrement les mains pendant le premier confinement, ils sont moins de la moitié à le faire désormais (46%), selon une enquête récente de Santé Publique France. Dans le même esprit, notez que moins d’un tiers de nos concitoyens (32%) évitent toujours de se serrer la main ou de s’embrasser pour se dire bonjour au travail ou ailleurs, contre 92% en avril 2020.
Le CHU lève le masque
Au plus fort de la crise sanitaire, on croyait les bons réflexes assimilés une fois pour toutes… En vain. « Pourtant, on sait maintenant que l’hygiène des mains est un levier important pour éviter la prolifération de bactéries hautement résistantes », indique Frédérique Scotto, cadre de santé dans le service d’hygiène hospitalière du CHU de Poitiers. Histoire de rappeler le message, un groupe d’étudiants a soumis les visiteurs de la tour Jean-Bernard à un test mercredi dernier, à l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène des mains (oui, elle existe !). L’idée ? Se laver les mains comme d’habitude avec du gel et observer le résultat à la lumière noire. Bilan : « Je pensais bien faire, mais je vois qu’il reste des zones sales au niveau des ongles, entre les doigts et sur le revers des mains », admet André, la cinquantaine. Difficile de le blâmer selon Jean, en 3e année de médecine : « Peu de gens se frictionnent les mains pendant trente secondes comme on le recommande. Et puis les bagues et les montres abritent aussi pas mal de bactéries. » La solution : toujours avoir une fiole sur soi ! Et un masque aussi, surtout si on est malade… Autrefois indispensable, cet accessoire a aussi complètement disparu de notre panoplie. Même les établissements de santé ne le réclament plus. Après la Polyclinique et la plupart des maisons de retraite, le CHU de Poitiers le rend facultatif à partir de cette semaine. Une première depuis trois ans. « Il sera réinstauré sur la période hivernale, d’octobre à mars », précise Frédérique Scotto.
Lignes de production arrêtées
En ce mois de mai 2023, la vie a définitivement repris son cours. Après avoir vendu un millier de bornes de distribution de gel hydroalcoolique, le chaudronnier ASM86, à Saint-Georges-lès-Baillargeaux, a stoppé sa ligne de production. Idem pour les Ateliers Rambault, à Varennes, où une poignée d’exemplaires encombrent les stocks. A Châtellerault, Plaxtil continue en revanche de collecter les masques usagés pour les recycler en règles, équerres et rapporteurs. De son côté, Sabine Sauvion nourrit une sérieuse rancœur contre le gouvernement « qui a reconstitué ses stocks de masques en les achetant en Chine au prix fort après avoir lancé un appel aux industriels français ». La patronne de Tio-NT, créée spécialement à Saint-Saviol, avait réussi à monter une ligne de fabrication « dans les règles de l’art » dès septembre 2020. Mais sans les commandes promises de l’Etat et des CHU, Sabine Sauvion a dû liquider son entreprise en octobre 2022. Elle a retracé sa mésaventure dans une tribune publiée sur le site de Mediapart.
Romain Mudrak - Jeanne Ducreau
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