En ce Joli Mois de
l’Europe, et de mai, Poitiers a fait le choix d’événements festifs, accessibles à tous. Plus de soixante-dix ans après sa création, l’Union européenne peine toujours à démontrer sa proximité au quotidien. Pour des raisons diverses.
A Poitiers, le Joli Mois de l’Europe va égrener jusqu’au
25 mai de nombreux rendez-vous. Balade à vélo, concert, retransmission de l’Eurovision, ateliers, café linguistique… Il y a tellement de façons de parler de l’Europe en dehors des élections(*).
« Cette année, nous avons privilégié l’événementiel, note Zoé Lorioux-Chevallier, conseillère municipale déléguée aux Relations internationales et européennes. Nous voulons profiter de temps festifs pour faire de la pédagogie. » Car le constat est largement partagé :
soixante-treize ans après la déclaration de Robert
Schuman, l’Europe demeure cette entité lointaine et mal connue. La faute à… « Il n’y a pas de coupable, mais un faisceau de causes », analyse Elisabeth Morin-Chartier. L’ancienne eurodéputée, aujourd’hui membre de la Commission européenne, pointe tour à tour les médias français, qui « n’en parlent pas assez », les partis politiques qui « ne l’investissent pas », les élus qui, « à tous les niveaux, ont la désagréable habitude de dire « c’est la faute de l’Europe » »,
et aussi le mode d’élection par « liste nationale ». « La Vienne a compté deux députées européennes. Avec Bernadette Vergnaud, nous allions aux cérémonies. Symboliquement, l’Europe était là. Aujourd’hui, j’entends régulièrement : on n’a plus de député européen, on ne sait pas qui est notre député… »
Philippe Grégoire approuve. « La communication ne remplace pas l’incarnation. Où est l’Europe lorsqu’est inaugurée une épicerie rurale ? », interroge l’ancien président du Mouvement européen de la Vienne. Sa présence se résume souvent à un petit logo. Or
« elle investit beaucoup dans la préservation et l’aménagement des territoires. Dans la fibre par exemple !, assène Elisabeth Morin-Chartier. Mais la main qui donne localement oublie parfois de dire qu’elle a reçu pour le faire des crédits de l’Europe… »
« Un accélérateur
d’efficacité »
Philippe Grégoire accuse aussi la bureaucratie. « A priori, la France se contraint trop dans sa mise en œuvre des directives européennes »,
écornant ainsi l’image d’une entité déjà « victime
de la contestation systématique des institutions ». Pour preuve, « 62% des Européens sont optimistes quant à l’avenir de l’Europe, 46% des Français ».
Pourtant, « ce qui se passe de plus important est à l’échelon européen », poursuit Elisabeth Morin-Chartier, à l’origine de la directive sur les travailleurs détachés. Mobilité, défense, sécurité alimentaire, santé ou lutte contre le réchauffement climatique, « l’Europe est partout, elle est utile chaque jour dans notre vie et elle nous protège, lâche l’ancienne députée, exemple à l’appui. Toutes les familles sont touchées par les maladies neurodégénératives. Et ce n’est pas au niveau d’un Etat membre que l’on va trouver des solutions, mais en cultivant la recherche entre laboratoires européens. Et c’est l’Europe qui articule cette collaboration. L’union est un accélérateur d’efficacité. » A son échelle, Poitiers travaille
« avec Marbourg sur la question de l’égalité homme-femme, avec Coimbra et Pavie sur le patrimoine historique…, énumère Zoé Lorioux-Chevallier. On sent un intérêt à construire des projets européens et dans le partage d’expériences. »
Programme du Joli Mois de l’Europe poitier.fr.
(*)Les prochaines auront lieu
en juin 2024.