Jardins - Binette et fraternité

Poitiers compte neuf jardins familiaux. Gérés par des associations d’habitants, ces potagers collectifs ont des histoires et des fonctionnements différents mais leur point commun reste la convivialité.

Romain Mudrak

Le7.info

L’arrivée des beaux jours lance les grands travaux dans les jardins familiaux de Poitiers-Sud. Une trentaine de maraîchers amateurs cultivent les vingt parcelles de 100 à 150m2 situées entre Bellejouanne et la cité Pierre-Loti. « On possède un motoculteur et quelques outils en commun que l’on stocke dans un bâtiment, explique Françoise Dampuré, retraitée et présidente depuis dix ans de l’association qui gère les lieux. On commande ensemble du fumier et de la paille à un agriculteur du coin. » Chacun paie une adhésion (8€) et une location à l’année (0,48€/m2). Tous partagent du matériel, des conseils. Et s’entraident aussi. Dans les jardins de Saint-Eloi, qui comptent une quarantaine de parcelles, Danièle était bien contente la semaine dernière de trouver son voisin de parcelle pour réparer le motoculteur récalcitrant de 1982. « C’est plus facile qu’à la grelinette ! Ce que j’aime dans les jardins ? On peut venir en famille quand on veut pour mettre les mains dans la terre, on rencontre du monde, c’est très agréable. » Manque de bol, une roue du rotovator a crevé quelques heures plus tard. Et pour le remettre en service, on ne peut compter que sur le bénévolat.

« Un rayon de soleil »

Poitiers compte neuf jardins familiaux plus ou moins étendus. Si leur fonctionnement associatif peut varier sur certains points, la convivialité reste la règle. « On apprécie toujours de prendre un apéro rosé l’été entre voisins », confie Françoise Dampuré. Aux jardins du Champ de la Caille, ouverts en 1984, « le nettoyage de printemps est le prétexte à un casse-croûte, poursuit Christelle Brunet-Ortega. C’est une reprise de contact après l’hiver. » Ici comme partout, la liste d’attente s’allonge pour bénéficier de l’une des 
24 parcelles. « Beaucoup de jardiniers habitent dans les tours des Trois-Cités. C’est un rayon de soleil, quand on y est, on a envie de rester », assure celle qui a repris le flambeau de son père.

Depuis 1997, à Poitiers, un autre modèle, qualifié plutôt de « jardin partagé », s’est aussi développé du côté de la Mérigotte, chemin du Sémaphore. Là-bas, un vaste terrain de 5 000m2 est cultivé par 130 jardiniers amateurs et un maraîcher professionnel payé grâce à la vente de paniers de légumes (250 à 450€ par an). « Il apprend beaucoup aux autres, tout le monde fait ce qu’il veut mais lui demande d’abord », précise Eric Brunier, administrateur de Jardinature. Les membres déterminent ensemble la production avant de mettre la main à la pâte : 
« On vient d’envoyer un e-mail, on a 1 500 courges à mettre en godet et les patates à semer. Vient qui veut. » A Poitiers-Sud, une association d’habitants tente de son côté de créer un « verger partagé ». 
Une cinquantaine d’arbres payés par la Ville ont déjà été plantés avec des écoliers et collégiens du quartier. De quoi semer des graines dans les esprits.

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