
Aujourd'hui
Ô temps, suspends ton vol…
L'édito de la semaine est signée Nicolas Boursier.
Si la mobilité est un moteur du marché de l’emploi, les difficultés de déplacement constituent a contrario un véritable frein pour y accéder, notamment chez les bénéficiaires du RSA, les parents isolés et les habitants de zones rurales. Elles sont la troisième cause de renoncement derrière la santé et le numérique. Pas étonnant qu’à Pôle Emploi comme au sein de structures associatives, des « conseillers mobilités » soient apparus pour accompagner les personnes dans leur recherche de solutions. Il en existe autant que de freins à la mobilité : obtention du permis B, achat d’un véhicule, coût des carburants, méconnaissance des transports en commun...
Pôle Emploi propose par ailleurs des aides financières dans le cadre d’une recherche/reprise d’emploi ou d’une entrée en formation, sous la forme d’indemnités kilométriques ou d’une participation à l’achat d’un billet de train, aux frais de repas (6€), d’hébergement (autour de 31€). « Avec un plafond de 5 200€ sur 12 mois glissants », précise Célia Rodrigues-Minau. Des financements existent aussi pour le permis B. « Les dispositifs d’aide à la mobilité sont très utilisés », constate la directrice territoriale Pôle Emploi Vienne et Deux-Sèvres. A l’échelle départementale, l’établissement public y consacre près de 220 000€ par an. Parallèlement, des structures de micro-crédit peuvent faciliter l’achat d’un véhicule et des dispositifs comme Mobicité proposent un service de location (lire ci-dessous).
Confrontés à des difficultés de recrutement, les employeurs aussi se sont emparés de la question de la mobilité. Sur le Territoire zéro chômeur de longue durée du bassin châtelleraudais, l’entreprise à but d’emploi Le Ressort, dont un tiers des effectifs n’a pas de moyen de locomotion, a mis en place une navette qui dessert les communes de Thuré, Scorbé-Clairvaux, Colombiers et Cenon, direction Naintré. Dans le secteur privé, le co-voiturage initié l’an dernier par le parc du Futuroscope a fait des émules. Il a convaincu le Medef, lequel prépare l’extension de l’utilisation de la plateforme de co-voiturage Karos, « d’abord aux zones de la Technopole et de la République, explique son délégué général Stéphane Daudon, puis par vagues sur l’ensemble du département », et pourquoi pas « avec Grand Poitiers et l’université ».
Enfin, résoudre la question de la mobilité peut aussi passer par un changement de logique. « Quand le frein réside dans le fait de sortir de son petit territoire, il faut travailler sur les emplois de proximité, sur la représentation des entreprises locales », assure Célia Rodrigues-Minau, pour qui cela pourrait aussi permettre, parallèlement au développement des circuits courts, de « répondre à terme à la question de la désertification ».
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