Les explications de notre photographe Francis Joulin sur les deux photos "avant-après" publiées dans le numéro 599.
Petit historique du lieu
Cette carte postale ancienne a été postée le 23 juin 1907, elle est intitulée « St JULIEN-L’ARS (Vienne) Forêt de Moulières – Villa du Grand Coin - Restaurant tenu par MERCIER ». Elle a été éditée par Jules Robuchon, photographe à Poitiers. En réalité, la dite « villa » n’est pas située sur la commune (canton) de Saint-Julien-l’Ars bourg plus connu que Liniers (le lieu) ou Montamisé et Bignoux, deux autres communes situées à quelques dizaines de mètres seulement du site (repère actuel : Le Grand Recoin, le parking de la Maison de la forêt de Montamisé).
Cette image centenaire représente une bâtisse rudimentaire qui devait servir à abriter momentanément ceux qui commerçaient le bois. Sur la carte, on voit un cycliste barbu, avec son canotier et sa veste légère, quatre consommateurs attablés ; la fumée s’échappant de la cheminée indique sûrement quelque cuisine en cours au feu de bois. Une pancarte indique « Café-restaurant tenu par Mercier ». Mercier, outre ses activités de tenancier d’un café-restaurant au « Grand Coin », menait une activité de marchand de bois.
Evolution depuis les années 1930
Dans ces années, la bâtisse qui prend le nom d'« Auberge du Grand Recoin » est tenue par la « Mère Mai » où viennent boire et manger les forestiers de la Moulière. Cette baraque en bois, reprise vers 1960 par Mme Renée Boisdron (« la Mère Renée ») était appréciée par tous les riverains de la forêt de Moulière et les promeneurs. Mme Bardonat succéda pendant une année à Mme Boisdron. L’auberge fut totalement détruite dans un incendie le 13 avril 1980 et ne fut jamais reconstruite, l’Office national des forêts s’étant opposé à une reconstruction « en dur ».
Parallèlement, avait lieu chaque année, sur l’emplacement actuel du Grand Recoin la Fête du 1er-Mai. Cette fête a connu son apogée dans la période de l’avant-guerre puis dans l’immédiate après-guerre. Il s’agissait d’un grand rassemblement populaire qui prenait pour prétexte la cueillette du muguet (mais surtout un jour chômé pour tous). Les « parquets de danse » de MM. Thevent puis Edouard et Rouil ainsi que les nombreux forains attiraient une foule de toutes origines sociales venues de communes voisines et de Poitiers. L’incendie a définitivement éteint sa forme ancienne.
Depuis la construction de la Maison de la Forêt, en 1991, l’espace -situé sur la commune de Liniers- en bordure de la D20, est un grand parking utilisé par les promeneurs venus en forêt de Moulière -notamment dans cette longue allée des Chirons Noirs- et les visiteurs de la Maison de la forêt.