Incivilités : du verbe à la (vidéo)verbalisation

Souvent bénins, les actes d’incivilité dégradent les relations entre les gens s’ils ne sont pas traités correctement. En la matière, Poitiers mise sur l’assemblée citoyenne, tandis que Châtellerault déploie la vidéo-verbalisation. Deux salles, deux ambiances.

Le7.info

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Conflits de voisinage, déjections canines et poubelles sur le trottoir, rodéos urbains, tags, tapage nocturne… Les incivilités du quotidien sont souvent bégnines mais dégradent les relations entre habitants lorsqu’elles se multiplient. L’individualisme fait des ravages dans les villes... qui n’y répondent pas toutes de la même manière.

A Poitiers, la lutte contre les incivilités a été choisie comme thème central de la première assemblée citoyenne. C’est dire si la population se préoccupe du sujet. Dans ce processus de décision inédit en France, 150 habitants se sont réunis le samedi 4 mars, toute la journée, pour définir leurs préoccupations principales. « En confrontant les points de vue et grâce aux conférenciers, on a compris que c’était d’abord une question de perception, différente selon les publics, l’âge et le vécu », indique Ombelyne Dagicour, adjointe à la Démocratie locale. Deux axes de travail ont été identifiés. D’un côté améliorer le vivre-ensemble pour réduire, entre autres, le harcèlement de rue. De l’autre, parfaire la cohabitation des usagers de la route (véhicules à moteur, vélos, trottinettes, piétons). D’ores et déjà, un groupe de « proposeurs » est en train de compiler des pistes d’action qui seront soumises au débat le 3 juin et appliquées en 2024. « Pour le budget, on est prêt à revoir le programme pluriannuel d’investissement », assure l’élue.

Cette démarche complète le travail d’écoute des victimes, de médiation et, bien sûr, de répression déjà engagé par les services de la municipalité. Mais les missions des 31 policiers municipaux et 15 agents de surveillance de la voie publique (ASVP) évolueront forcément. 
« L’assemblée citoyenne est une nouvelle porte d’entrée qui va alimenter et préciser ma feuille de route, abonde Amir Mistrih, adjoint en charge de la Tranquillité publique. On va là où les citoyens veulent pour ne pas être hors sol dans nos actions. »

Souriez, 
vous êtes verbalisé

Alors qu’à Poitiers le recours aux caméras n’a même pas été abordé, la Ville de Châtellerault s’apprête à mettre en place la vidéo-verbalisation. Autrement dit, à sanctionner à distance, sur la foi des images enregistrées par les caméras déployées sur la voie publique. Pour quelles infractions ? Seulement les dépôts sauvages en voiture et le stationnement anarchique aux abords des écoles. Les contrevenants seront identifiés grâce à leur plaque d’immatriculation. « On a assermenté les quatre agents du centre de supervision urbain (CSU) en lien avec le parquet, explique Brahim Benzerga, responsable du service prévention tranquillité publique à la mairie. On a aussi fait l’acquisition de panneaux d’affichage pour informer les habitants. Il ne reste plus qu’à présenter la délibération en conseil municipal. » Le déploiement est espéré au second semestre. Depuis 2018, 52 caméras dites de vidéoprotection ont été installées en ville pour un montant de 600 000€ (CSU inclus). 
« Grâce aux caméras, on réalise une centaine d’interventions annuelles, reprend le technicien. Les enregistrements font aussi l’objet d’environ 200 réquisitions judiciaires par an. Ce dispositif a très clairement permis d’oxygéner certains quartiers. »

Steve Henot - Romain Mudrak