Deuxième long-métrage et deuxième décor de campagne pour Mélanie Auffret. Avec Les Petites Victoires, la réalisatrice plonge dans la vie d’un village breton pour rendre hommage aux maires ruraux et au-delà aux liens humains. Un film plein de fraîcheur.
Un trou dans la chaussée, une voisine de cimetière infréquentable jusque dans sa tombe, une facture d’électricité qui revient trop vite, une hanche qui flanche ou un problème plus intime encore… Pour ces motifs et quelques autres, les voilà qui débarquent dans le bureau de Madame la Maire ! Alice les écoute, leur tend une oreille attentive, son sourire, sa compassion. Comme feu son père avant elle, ce bon « Pierrot » que la fonction de maire d’une petite commune de 400 âmes a usé, la jeune femme consacre tout son temps à ses concitoyens. Elle se fait tour à tour assistante sociale, médecin… et enseignante, son vrai métier. « De toute façon, je n’ai pas le choix », rétorque-t-elle à sa sœur, devenue rhumatologue… comme leur père.
Mélanie Auffret offre à son deuxième long-métrage, Les Petites Victoires, le décor d’un village de sa Bretagne natale, mais elle va au-delà de la carte postale pour poser un regard plein de tendresse sur ce qui fait la ruralité, entre âpreté et douceur de vivre, et sur le rôle central du maire. Après Roxane (2019), film dans lequel Guillaume de Tonquédec partageait l’affiche avec… une poule, la réalisatrice poursuit son exploration des choses simples qui font tout, sans idéalisation, sur fond de désertification et avec en creux le poids du déterminisme. Les caractères sont appuyés juste-ce-qu’il-faut, servis par un casting de choix. Julia Piaton est de toutes les scènes ou presque, soutenue par Saturnin (Lionel Abelanski), un adjoint débordant de gentillesse et d’optimisme, et chahutée par Emile, un Michel Blanc grincheux à souhait passé maître ès insultes de cour d’école. A souligner également la participation de Marie-Pierre Casey, 86 ans, qui semble tout droit sortie de la publicité pour Pliz des années 1980 !
Contrairement aux apparences, à Kerguen (Le Juch) les jours se suivent et ne se ressemblent pas, mais rien n’est vraiment grave tant que les liens sont là, réconfortants et enfermants à la fois. Prix spécial du jury et prix du public au Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez 2023, Les Petites Victoires résonne comme une ode à l’humanité, l’air de rien.