Dans le bâtiment, le traitement des « déchets » de la construction constitue un enjeu environnemental majeur. La réglementation vient d’évoluer sur le sujet. Dans la Vienne, une filière de réemploi se met en place.
Et si les déchets de construction devenaient une ressource d’avenir ? Le bâtiment est confronté à un défi environnemental majeur : chaque année, les chantiers de rénovation et de démolition engendrent en France 42 millions de tonnes de matériaux dont on ne sait pas quoi faire. Face à ce constat, la loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire » de 2021 a fixé de nouvelles règles. Les maîtres d’ouvrage ont désormais l’obligation de réaliser un diagnostic sur la gestion des produits, équipements, matériaux et déchets (PEMD) pour tous les bâtiments d’une surface supérieure à
1 000m2. « L’idée est de savoir quels matériaux on pourra réutiliser le jour où ces bâtiments seront déconstruits », précise David Sinnasse, ingénieur expert pour Odeys, le cluster régional de la construction durable. La loi « anti-gaspi » a également créé le concept de pollueur-payeur dans le bâtiment. On appelle cela la « responsabilité élargie des producteurs de déchets ».
Ces derniers intègrent dans leurs prix de vente une éco-taxe reversée à des éco-organismes chargés de coordonner des filières de retraitement de ces matériaux si particuliers.
Dans le cahier
des charges
Dans la Vienne, une filière s’organise justement autour d’acteurs comme la Regratterie, les Usines à Ligugé ou encore Vienne et Moulière Solidarité à Chauvigny. La Région et Grand Poitiers ont fait de la revalorisation un axe stratégique. Comme eux, de plus en plus de maîtres d’ouvrage ajoutent cette notion à leur cahier des charges. Sur le chantier de démolition de la résidence Schuman, propriété d’Ekidom aux Couronneries, trente-quatre des quatre-vingt-dix-sept tonnes de déchets ont été revalorisées. Mieux que de recycler, l’objectif consiste désormais à réemployer. A l’intérieur du restaurant universitaire Champlain, en cours de rénovation, les anciennes dalles de faux-plafond ont été replacées plutôt que remplacées.
« A l’époque des cathédrales, on ne jetait pas les blocs de pierre taillés, on les utilisait ailleurs »,
rappelle David Sinnasse. Une évidence totalement oubliée depuis l’industrialisation des années 60. « Les professionnels réfléchissent maintenant aux meilleures techniques de déconstruction. » Qui collecte les déchets ? Où les stocker ? Comment les redistribuer ? De nombreuses questions se posent encore. Pour y répondre, les maîtres d’ouvrage et acteurs de l’économie circulaire ont rendez-vous les 9-10 et 21 mars à Poitiers pour une « bulle de coopération » organisée par Odeys.