Merlot sort du bois

A Châtellerault, l’entreprise familiale Merlot travaille à être toujours plus efficiente pour répondre au marché croissant de la construction bois, en misant notamment sur la préfabrication en atelier.

Claire Brugier

Le7.info

Dans l’atelier de production de la société châtelleraudaise Merlot, les murs de la future école de Montmidi, à Poitiers, sont en phase de montage. « C’est notre dixième gros chantier en isolation paille. Les bottes seront posées directement sur le site », explique David Soulas, co-gérant avec Emmanuelle Merlot de l‘entreprise familiale créée en 1971. Spécialisée dans la couverture et la construction bois, elle emploie 44 salariés, dont huit apprentis, et affiche un chiffre d’affaires en croissance (9,6M€ en 2022), à l’image du marché de la construction bois. En cinquante ans, le rapport entre couverture et construction s’est inversé au sein de l’entreprise et la première activité ne représente plus que 15 à 20 % du chiffre d’affaires. « La façon de travailler aussi a changé, note David Soulas. Le métier de charpentier tend à aller de plus en plus vers la préfabrication en atelier, ce qui permet non seulement de diminuer les coûts mais aussi de limiter les aléas de chantier. » Et « d’améliorer le confort des salariés », complète Emmanuelle Merlot.

Petits et gros chantiers

Les bois utilisés proviennent d’Europe. « La filière industrielle est seulement en train de se mettre en place en France », note David Soulas. Tardivement, serait-on tenté de dire. Le co-gérant de Merlot reste plus mesuré. « Les gros faiseurs comme les Allemands ou les Autrichiens ont ouvert la voie à une démocratisation du bois de construction. » Ce qui, par ricochet, a eu pour effet de stimuler le marché, avec des prix stables. Jusqu’à il y a deux ans... Emmanuelle Merlot rassure. « Parce que nous avions l’espace nécessaire et la trésorerie, nous avons pu stocker, ce qui nous a sauvés après le Covid. » Impossible toutefois de ne pas répercuter la hausse des coûts, « jusqu’à 30 à 40% » sur certains chantiers.

Du cinéma de Châtellerault à la passerelle et aux intérieurs de Fort Boyard, en passant par le parc des expos de Poitiers, le nouveau collège de Vouneuil-sous-Biard ou encore le Château de Monts-sur-Guesnes, Merlot a plus d’un projet emblématique à son actif. « Nous restons une PME mais nous sommes capables d’assurer de gros chantiers », assène David Soulas. La recette ? « Comme dit mon père (ndlr, l’un des co-fondateurs de la société), il faut toujours avoir un coup d’avance », glisse la co-gérante. Pour ce faire, la société a étoffé son bureau d’études ces dernières années. Elle s’est aussi lancée dans l’isolation paille en lien avec un agriculteur de Chinon, l’utilisation du bois CLT, le revêtement de façade... La prochaine étape consistera à « améliorer l’unité de production », pour rester compétitif dans « un marché en constante évolution », porté par l’attrait des matériaux naturels et les incitations à la rénovation énergétique des bâtiments.

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