Le LP2I revoit son recrutement

Hors secteur scolaire depuis sa création, le Lycée pilote innovant international (LP2I) fait évoluer son mode de recrutement. Les élèves ont juste à candidater et la sélection s’effectue en mode aléatoire. L’objectif ? Limiter l’autocensure et favoriser 
la mixité sociale.

Romain Mudrak

Le7.info

Non, les bulletins de notes n’ont jamais été réclamés aux élèves à l’entrée du Lycée pilote innovant international (LP2I). Ni d’ailleurs le niveau de revenus de leurs parents, leur adresse ou collège d’origine. Et pourtant, quand on analyse l’« indice de positionnement social » des élèves fréquentant le lycée de la Technopole, on retrouve en grande majorité des « CSP++ », autrement dit des ados issus de familles plutôt favorisées avec un capital culturel déjà bien fourni. « Pour un établissement public de la République, ça pose question, il y a un véritable enjeu de mixité sociale ici », commente Damien Dubreuil, proviseur du LP2I arrivé l’année dernière.

A la demande de la rectrice d’académie, l’équipe de direction a donc décidé de prendre les choses en main à travers le programme « LP2I pourquoi pas moi ! » (lire ci-dessous) en changeant radicalement le mode de recrutement. En résumé, jusque-là, les candidats étaient invités, lors d’un entretien, à parler de leurs motivations et de leurs projets d’avenir en apportant une production personnelle. Mieux valait connaître les codes et savoir parler en public. Certains collèges organisaient même des « prépa-LP2I ». Or, depuis le 
1er février, les prétendants n’ont plus qu’à remplir un simple formulaire sur le site Internet du lycée (lp2i-poitiers.fr). La sélection s’opérera ensuite de façon aléatoire. Seuls quatre points sont demandés : les options, la bourse sur critères sociaux, le sexe et le besoin d’un logement à l’internat. « On va chercher à respecter des équilibres, on ne prendra pas que des boursiers, l’idée consiste à se situer dans la moyenne académique », précise le chef d’établissement.

Bon pour l’estime de soi

Le message va se propager dans les collèges de la Vienne d’ici la fin de la procédure en avril. « Cette démarche vise aussi à réduire l’autocensure de certains collégiens qui n’osent pas candidater. Ils pensent a priori qu’il faut être compétent, autonome et créatif pour entrer, alors qu’en réalité c’est à nous de leur transmettre cela. » Les préjugés ont la vie dure. D’autant que jusque-là, ils étaient plutôt vrais. En 2022 encore, 260 élèves remplissaient toutes les cases mais seulement 
190 places étaient disponibles. La sélection était forcément subjective. « Le tirage au sort est bon pour l’estime de soi, si l’élève est refusé, c’est juste pas de chance », conclut Damien Dubreuil.

60 collégiens font l’école ouverte buissonnière
Cette semaine, 60 collégiens vont prendre trois jours sur leurs vacances scolaires pour s’immerger au LP2I. Et ils sont volontaires ! 40% sont boursiers. Tous viennent d’établissements en REP ou en zone de « politique de la ville ». Ils vont participer à des ateliers de création animés par Fusion jeunesse, manger au self, dormir à l’internat. « L’objectif, c’est de les aider à se projeter », explique Nathalie Paillé, chargée de mission au LP2I. Cette CPE expérimentée a été recrutée spécifiquement cette année pour mettre en œuvre la nouvelle stratégie de mixité sociale du lycée.

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