Aujourd'hui
Poitiers n’avait pas connu pareille mobilisation depuis des années. Le 19 janvier, plus de 10 000 personnes ont manifesté contre la réforme des retraites que prévoit le gouvernement. Quatre participants témoignent pour Le 7.
Pierre Poulin, 42 ans, magasinier
« J’ai commencé à travailler à 24 ou 25 ans. Sans la réforme, je dois partir à 63 ans. Là, avec la règle des 42 annuités, ça me pousse jusqu’à 68 ans… C’est un peu abusé, je n’ai pas envie de crever au boulot. Je vois déjà des collègues qui partent au bout du rouleau. Chaque jour, je porte une tonne et demi de matériels. Pour le moment, je le vis bien mais d’ici mes 60 ans… Il faut trouver autre chose, que tout le monde fasse des efforts. Je dis à mon fils de 7 ans et demi qu’il doit faire des études pour faire le job qu’il souhaite, mais si c’est pour commencer à travailler vers 25 ans et partir en retraite encore plus tard, est-ce qu’il ne vaut mieux pas qu’il commence à travailler dès que possible ? Cette réforme est injuste. »
Caroline Richard, 51 ans, informaticienne
« S’il faut travailler plus, pas de problème, je peux comprendre. Mais j’aspire à le faire dans de bonnes conditions, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. A la Sécu, nous sommes de moins en moins nombreux pour toujours plus de travail. J’ai fait un burn-out il y a quelques années, j’estime qu’on ne travaille pas pour se rendre malade. Dans mon entourage, il y a des avis divergents, les plus jeunes ne se sentent pas forcément concernés par la réforme. Or je pense aussi à mes filles qui auront des carrières très longues… On ne devrait pas aller aussi loin sur l’âge légal. On pourrait imaginer que les stages comptent pour des annuités, tout type de travail doit permettre d’engranger des trimestres selon moi. »
Sébastien Venin, 39 ans, électricien
« Beaucoup de gens pensent que les salariés des industries électriques et gazières (IEG) partent entre 55 et 57 ans. Mais ça ne concerne en réalité que 20% des effectifs, qui sont en service actif ou insalubre. En moyenne, on part à l’âge de 62,9 ans. On ne comprend pas pourquoi ils veulent supprimer notre régime spécial, d’autant qu’il est excédentaire. Cela ne changera rien, à part qu’on rallonge l’arrivée à la retraite, de 62 à 64 ans pour moi. Un quart des gens, les plus précaires, iront direct au cimetière, tandis que les autres continueront à travailler en ayant des problèmes de santé… Je suis technicien de nuit en trois-huit et quand je vois travailler des anciens de 57 ans, je me dis que ce sera compliqué. »
Karine Doux, 52 ans, aide-soignante
« Avec une carrière complète, j’ai droit à une rallonge de trois ans. Plutôt qu’à 55 ans, je partirai donc à 58. Je travaille de nuit en Ehpad, nous sommes 3 aide-soignantes pour 136 résidents. On travaille déjà au maximum du maximum alors si c’est pour finir complètement cassées physiquement… Ou alors il nous faudra une prime pour le déambulateur, car on aura mal partout ! Je veux que cette réforme soit retirée. Il faudrait aussi que nos salaires soient revalorisés, parce qu’avec la hausse du carburant, de l’alimentation… Au bout d’un moment, il faudra trouver l’argent ! »
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