Emmaüs Maisoncelle : des bénévoles au soutien

Au-delà de son équipe de permanents, la Ferme Emmaüs Maisoncelle bénéficie de l’appui d’une trentaine de bénévoles, hommes et femmes de tous horizons engagés dans un projet auquel ils croient. Leur rôle sera précieux dans les mois à venir.

Arnault Varanne

Le7.info

Ils s’appellent Rodolphe et Philippe et ce sont les premiers résidents de la Ferme Emmaüs Maisoncelle. Arrivés jeudi 12 janvier, les futurs ex-détenus prennent leurs marques à Lusignan. « Ils commencent avec nous leurs premiers pas sur les chemins de la liberté après de (très) longues années derrière les barreaux, reconnaît Bruno Vautherin. Emotion de les accueillir, bonheur de voir ce projet devenir une réalité tangible après un peu moins de trois ans de labeur... » Sur les réseaux sociaux, le directeur de la structure ne cache pas son enthousiasme. Une joie contagieuse à en croire les nombreuses sollicitations dont l’ancien ingénieur aéronautique a fait l’objet. « Entre la gouvernance et les coups de main plus ponctuels, une trentaine de personnes nous aident, avec des niveaux d’engagement différents. »

« Quelque chose se dégage des lieux, des gens »

Bruno, Pauline, Bernard, Monique ou Chantal font partie des premiers à avoir sauté dans le train en marche. « A titre personnel, j’ai été aumônier à la prison de Vivonne pendant dix ans et j’avais créé un réseau de soutien et de solidarité aux sortants (R3SP) », développe Bruno Genet. S’il a quitté l’univers carcéral en 2019, le bénévole reste persuadé de la nécessité d’« écouter les demandes des détenus ». « Les échecs de ré- insertion sont souvent liés à un isolement ou à des pathologies sous-jacentes. Il ne faut pas laisser les personnes seules face à leurs problématiques. » Pauline Bonneau, elle, est chargée de communication pour une coopérative culturelle et aime l’engagement associatif. La singularité de la Ferme Emmaüs Maisoncelle a fait le reste. « J’ai participé à une première réunion il y a un an et demi et j’y suis retourné il y a peu de temps. Quelque chose se dégage des lieux, des gens, il y a un côté convivial et familial. » Jusqu’alors, Pauline a mis ses talents de graphiste dans la mise en page du livret d’accueil, mais elle reste à disposition.

« Le sol a été travaillé »

Lui a découvert Emmaüs Maisoncelle « dans le mag de Grand Poitiers ». Et ni une ni deux, Bernard Paingris a passé un coup de fil à Bruno Vautherin, « bu un café » avec lui et s’est mis au boulot. « J’ai aidé Antoine (Leblanc) à monter les châssis des serres. Comme j’habite Rouillé, je peux venir assez fréquemment. » Marcheur (nordique) et coureur (à pied), le jeune retraité se verrait bien aussi proposer ces activités aux résidents. « C’est un partage, ils ont aussi des choses à m’apprendre. Ce n’est pas parce qu’ils ont fait une erreur de parcours qu’on doit les laisser sur le bord du chemin. » Monique Wident partage l’assertion à 100%. L’ancienne travailleuse sociale est déjà intervenue à Vivonne par le passé, elle souhaite aujourd’hui s’investir dans le lien avec les résidents, et leur quotidien aussi. « Dans ce projet, on sent que le sol a été travaillé, il y a une intelligence du cœur, beaucoup de respect. »

Ancienne présidente de la communauté Emmaüs, Chantal Charrier adhère « aux valeurs » d’Emmaüs Maisoncelle. « Les gens connaissent d’Emmaüs la branche communautaire, moins la branche économie sociale et insertion, et encore moins l’action sociale et le logement », développe la future membre du conseil d’administration. Elle se donne « du temps pour faire connaissance » avec « toutes les dimensions du projet, social, écologique, économique... » Une chose est sûre, l’ex-professeure d’éducation physique table sur une présence toutes les semaines ou tous les quinze jours. « Quand j’ai fait mes études, j’avais réalisé mon mémoire sur les activités physiques en prison. J’ai même donné des cours à la Pierre-Levée. » Ça tombe bien, le chemin de la liberté nécessité de bonnes baskets ! « On aura vraiment besoin de tout le monde, conclut Bruno Vautherin, car nos besoins sont très concrets : accompagner les résidents à des rendez-vous, proposer des activités sur et en dehors de la ferme, préparer les repas... » L’appel aux bonnes volontés est passé.

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