Une Heure civique pour tous

La crise sanitaire a généré une baisse de l’engagement associatif mais le bénévolat, pour peu qu’il soit choisi et ponctuel, continue de séduire. En réconciliant ces deux réalités, l’Heure civique veut relancer la solidarité de proximité. Exemple à Buxerolles.

Claire Brugier

Le7.info

Les associations l’ont ressenti, les chiffres le confirment : la crise sanitaire a largement clairsemé les rangs des bénévoles réguliers. Sur la période 2020-2021(*), 27% d’entre eux ont décroché tandis que, parallèlement, l’engagement ponctuel progressait. « La crise sanitaire a révélé un formidable élan de générosité chez les Français », 
constate Atanase Périfan. Si ce nom ne vous dit rien, sans doute connaissez-vous la Fête des voisins que cet élu du XVIIe arrondissement de Paris a lancée en 1999. Fort de ce succès, il vient de récidiver avec l’Heure civique, pour laquelle il sollicite le soutien des collectivités.

Le principe est simple : donner une heure de son temps à la vie locale. En France, 114 municipalités se sont saisies de ce nouvel outil, dont une dans la Vienne, Buxerolles. Le CCAS y recense les bénévoles et les besoins, qu’ils aient été identifiés par la collectivité ou exprimés par le monde associatif (club de sport, association de parents d’élèves, etc.). « Nous avons aujourd’hui quatre-vingts bénévoles inscrits, ce qui constitue déjà un joli vivier de bonnes volontés, note l’adjointe aux Solidarités Carine de Vitry. Ce sont pas mal de jeunes retraités, des personnes lassées de s’investir dans des associations et qui aspirent à s’engager mais pas trop, pour des missions ponctuelles. »

« On n’a rien inventé »

Nadine, 62 ans, a passé vingt-six ans au chevet des autres comme auxiliaire de vie. Quand la retraite a sonné, c’est tout naturellement qu’elle a souhaité donner de son temps. « La première fois, je me souviens, c’était lors des élections, pour mettre sous pli, préparer les urnes… Puis il y a eu la mise sous enveloppe des invitations pour le repas des aînés, à Noël la préparation des boîtes à cadeaux pour les plus démunis… On est amené à faire des choses très différentes. » La Buxerolloise surveille ses mails. « Quand je peux j’y vais, je me rends utile. Mais je suis aussi mamie de deux petits-enfants… » Ils sont prioritaires, ce qui n’empêche pas Nadine de s’être aussi engagée auprès d’une personne âgée. « C’est une dame, veuve depuis un an. Une ou deux fois par semaine, je lui rends visite, je lui fais ses courses… » Les bénévoles inscrits reçoivent une liste de propositions, s’inscrivent ou non. « Il n’y a aucune obligation », précise Carine de Vitry. Une heure pour tenir la buvette, nettoyer les panneaux routiers, rendre une visite de courtoisie… « La valeur d’une personne ne se mesure pas à son pouvoir d’achat », assène Atanase Périfan. Plus de 10 000 bénévoles sont déjà inscrits en France. « A chacun de trouver les gestes de solidarité qui lui conviennent. On n’a rien inventé. Il s’agit juste de faire en sorte que la générosité citoyenne irrigue l’action publique. »

(*)Selon le 5e baromètre France Bénévolat-IFOP publié en mai 2022.

À lire aussi ...