Biodiversité-climat, même combat

En décembre, la Coupe du monde de football a largement éclipsé la COP15 à Montréal. Si son bilan est mitigé, la question de la préservation de la biodiversité reste centrale. La nouvelle exposition présentée par l’Espace Mendès-France à partir de février en atteste.

Romain Mudrak

Le7.info

La plupart des Français sont capables de citer le vainqueur du dernier Mondial. Mais combien peuvent donner une seule résolution adoptée lors de la COP15 qui s’est terminée le 19 décembre à Montréal ? Et pourtant, pour la première fois, 190 pays ont reconnu l’importance de la préservation de la biodiversité en signant un accord prévoyant entre autres la protection de 30% des espaces terrestres et maritimes et la diminution de 50% des usages de pesticides à l’horizon 2030.

40% des oiseaux disparus

L’urgence est là. Le rapport du Centre d’études biologiques de Chizé (Deux-Sèvres) avait fait l’effet d’une bombe lors de sa publication en 2018 (Le 
7 n°396). Cinq ans après, le constat est encore plus sombre. Aujourd’hui, 75% des insectes et 40% des oiseaux ont disparu des campagnes françaises. Et ces chiffres peuvent être généralisés à l’ensemble des pays industrialisés. Dans le Poitou, papillons et criquets sont en grave danger. Quant à l’emblématique azuré des Mouillères, il s’est replié dans son unique bastion, la réserve du Pinail. Plusieurs associations de protection de l’environnement ont dénoncé les carences de l’accord de Montréal. Pour Vincent Bretagnolle, l’un des chercheurs du CNRS qui a levé le voile sur l’état catastrophique de la biodiversité, « les engagements issus de la COP15 ne sont pas assez contraignants et leur rythme est trop lent ». D’autre part, l’essentiel de la richesse en matière de biodiversité se trouve en milieu tropical, dans les pays les plus pauvres qui n’ont pas les moyens d’agir pour la protéger. Si un dispositif prévoit la création d’un fonds de solidarité, le scientifique attend de voir.

Photosynthèse 
et agroécologie

Contrairement aux idées reçues, décarboner les énergies ne changera rien au déclin de la biodiversité. Mais à l’inverse, 
« le seul moyen de capturer du carbone dans l’atmosphère, c’est la photosynthèse, rappelle Vincent Bretagnolle. Les arbres, les haies ou les tourbières sont indispensables pour enrayer le dérèglement climatique. » Tout en permettant aux petites bêtes de se nourrir et de se reproduire. Contre l’agriculture intensive productiviste fondée sur « l’utilisation des pesticides, de l’azote et la simplification de l’usage des sols », il préconise l’agroécologie. « Des solutions existent pour maintenir les rendements, tout en augmentant les revenus des agriculteurs », assure l’intéressé. Elles sont expérimentées depuis près de trente ans sur une 
« zone-atelier » de 500km2 entre Niort et Chizé. Pour les expliquer au grand public, il a même publié le livre Réconcilier nature et agriculture avec Vincent Tardeux, aux éditions du CNRS.

Mi-décembre, cinq sociétés savantes européennes ont rédigé une tribune dans Le Monde appelant à des « transformations en profondeur de nos modes de production et de consommation » 
(lire sur le7.info). Tous les scientifiques s’accordent à dire que l’activité humaine dégrade la nature et les conditions de vie sur Terre. Et ça ne date pas d’hier. Dans sa nouvelle exposition présentée du 21 février au 31 décembre, l’Espace Mendès-France raconte comment le dodo, cet oiseau de l’île Maurice mesurant environ un mètre pour 10kg, a été exterminé au XVIIe siècle après l’arrivée de l’Homme avec ses maladies et ses animaux de compagnie. Tout cela en quelques années.

crédit photo : Olivier Pouvreau

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