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Lumières artificielles et faune sauvage cohabitent rarement bien. L’étude sur la « trame noire » menée par Vienne Nature sur le territoire de Grand Poitiers met en lumière les zones où la pollution lumineuse affecte particulièrement les réservoirs de biodiversité.
Si certaines espèces vivent la nuit, il y a une raison, voire plusieurs. Mais avec sa manie de vouloir tout éclairer, l’homme bouleverse ce fragile équilibre et altère la « trame noire ». Qu’est-ce ? La superposition de la trame verte et de la trame bleue. Mais encore ? La trame noire cartographie les réservoirs de biodiversité et corridors écologiques du territoire (forêts, prairies, haies, bocage, rivières, mares...) tels qu’ils existeraient sans lumières artificielles, c’est-à-dire dans une version idéale, « fonctionnelle ». Il en existe malheureusement une autre version, altérée par des « zones de conflits » où la pollution lumineuse perturbe la vie de la faune nocturne, soit 65% des invertébrés et 35% des vertébrés.
Carabes, hérissons, cervidés, amphibiens, chauve-souris, papillons dits de nuit, rossignol… La liste est longue de ces animaux et insectes qui profitent de la nuit pour se déplacer afin d’assouvir leurs besoins vitaux : se reproduire, s’alimenter, se reposer. On a tous en tête l’image de nuées d’insectes dans le faisceau d’un réverbère. « Les lampadaires à Led les attirent davantage, note Elen Lepage, animatrice de Vienne Nature. Mais soit ils se fatiguent à tourner, soit ils grillent de s’être approchés trop près de la source de chaleur, soit ils sont tués par des prédateurs nocturnes. » En deux ans, l’éclairage d’un lampadaire supprime les insectes dans un rayon de 200 mètres. Et, parallèlement, les chauve-souris lucifuges en trouvent moins à chasser… « La pollution nocturne provoque un dérèglement des réseaux alimentaires. »
Réduire l’éclairage
A la demande de Grand Poitiers et à partir d’un document de localisation de tous les points lumineux de l’agglo, Vienne Nature a mené une étude sur ces « zones de conflits », qui s’ajoutent à celles qui affectent la trame verte, les routes notamment, et la trame bleue, les barrages hydrauliques entre autres. « Nous avons mis en évidence onze zones de conflits supplémentaires dues à la lumière, notamment le long du Clain » note Lucie Texier. Au total, « 11% des réservoirs de biodiversité et des corridors écologiques apparaissaient fortement à très fortement impactés et 35% sont impactés dans une moindre mesure, détaille la chargée d’étude faune à Vienne Nature. Mais la trame noire est peut-être plus fonctionnelle aujourd’hui qu’il y a trois ans. » Davantage d’arrêtés municipaux limitent l’éclairage public, la loi impose aux enseignes et commerces d’être éteints entre 1h et 6h (Le 7 n°585)… Et puis, argument conjoncturel, la crise énergétique incite à moins consommer d’électricité. « Pour restaurer la trame noire, on peut maintenir des zones naturelles non éclairées, réduire la durée et l’intensité de l’éclairage et les lumières intrusives (ndlr, celles qui sortent des logements par exemple), faire attention à l’orientation du spectre lumineux des lampadaires…, avance Elen Lepage. Mais évidemment, la meilleure solution serait de tout éteindre. »
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